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Des prix gonflés à l'hélium

le samedi 18 septembre 2021
Modifié à
Par René Vézina

redactiongm@gravitemedia.com

René Vézina (Photo gracieuseté)

Ça monte, ça monte, et ça continue de monter.

Au Canada, la valeur moyenne d’une hypothèque a atteint 355 000$ au deuxième trimestre. Du jamais vu! C’est une augmentation de plus de 22% par rapport à l’an dernier, souligne la firme Equifax dans un rapport publié il y a quelques jours.

Avec de tels chiffres, pas étonnant que l’accès au logement figure parmi les thèmes les plus chaudement débattus durant la campagne électorale fédérale.

Les gens qui veulent vendre leur résidence sont évidemment gagnants. Pour les autres, c’est un méchant casse-tête.

Les propriétaires actuels voient leur compte de taxes monter, puisque les évaluations sont basées en partie sur la valeur marchande dans le voisinage.

Mais c’est encore pire pour les nouveaux acheteurs, souvent de jeunes ménages qui rêvent d’avoir leur nid bien à eux, qui se voient maintenant confrontés à une impasse.

Il leur faut réunir toujours plus de capital pour la mise de fonds initiale, surtout que la Société canadienne d’hypothèques et de logement demande qu’ils puissent démontrer leur capacité à soutenir d’éventuelles hausses de taux d’intérêt pour garantir leur prêt. Sans cette garantie, les institutions financières sont inévitablement réticentes à leur consentir une hypothèque qui sera, de toute façon, assortie dès le départ de taux nettement plus élevés.

Et avec les revenus qui sont loin de grimper aussi vite, beaucoup n’ont d’autre choix que d’abandonner. On pourrait toujours leur suggérer d’attendre mais dans ce domaine, c’est «plus qu’hier, moins que demain» pour les prix.

Du moins pour l’instant.

Un retour du balancier ?

C’est entre autres le spectre d’une chute brutale des valeurs qui préoccupe tant les économistes que les politiciens. Tôt ou tard, les taux d’intérêt vont remonter. Bien des gens qui se seront lourdement endettés pour acheter une résidence risquent de se retrouver pris à la gorge. Les vendeurs seront alors plus nombreux que les acheteurs, ce qui va forcément faire reculer les prix, les banques vont se faire pressantes pour se faire rembourser et c’est finalement toute l’économie qui sera ébranlée.

Ce scénario catastrophe n’est pas pour demain, mais il ne faut pas l’exclure.

Ce n’est donc pas juste parce qu’ils sont compatissants envers les jeunes ménages que les partis politiques fédéraux proposent des mesures pour ralentir les hausses désordonnées des prix de l’immobilier. Personne ne veut revivre la crise financière de 2008-2009, causée en bonne partie par l’écroulement du marché, surtout aux États-Unis.

En tout cas, si vous êtes présentement du côté des acheteurs, assurez-vous que votre calculatrice fonctionne et que la bouchée que vous vous apprêtez à avaler n’est pas grosse au point de risquer de vous étouffer…