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Des prix en baisse, mais on ne peut pas vraiment s’en réjouir

le vendredi 29 mai 2020
Modifié à 7 h 14 min le 29 mai 2020
Par Eric Tremblay

etremblay@gravitemedia.com

L’inflation est en baisse. Elle pourrait bientôt remonter, avant de décliner à nouveau et de demeurer au plancher pour un bon moment. Autrement dit, votre pouvoir d’achat – à supposer que vous soyez toujours en mesure d’acheter – ne devrait pas souffrir au cours des prochains mois. C’est un des phénomènes particuliers de cette époque particulière. L’autre concerne le prix des maisons. Selon la Chambre immobilière du Canada, on a assisté, en avril, à une chute radicale du nombre de ventes à travers le pays. Il a baissé de plus de 50 % par rapport à l’an passé. C’est le cas dans la grande région de Montréal. Comme les maisons ne se vendent pas, le prix devrait logiquement baisser, non? Non. Parce que le nombre d’inscriptions a chuté lui aussi dans la même proportion. Les vendeurs ont décidé de surseoir à leurs intentions. Les pancartes «À vendre» se sont faites plus rares. Mais, attention, dans quelques mois, elles devraient se faire beaucoup plus nombreuses, ce qui entraînera nécessairement les prix vers le bas. Commençons par l’inflation. Si vous avez l’impression que le coût de la vie n’a pas vraiment baissé, vous avez sans doute raison, à moins que vous ne soyez souvent sur la route. C’est essentiellement la baisse du prix de l’essence, comparé à l’an passé, qui nous vaut ce recul de l’indice des prix à la consommation. Sinon, il serait en hausse, surtout parce que l’alimentation nous coûte plus cher. En avril, le riz, les œufs, la margarine, la viande de bœuf et celle de porc coûtaient de 8 à 9 % de plus qu’il y a 12 mois. Ce, sans compter le papier de toilette et les articles sanitaires du genre le désinfectant… Comme le réflexe d’entreposer des denrées va finir par passer, cette pression à la hausse va diminuer. Par contre, vous avez sans doute remarqué que le prix de l’essence est reparti vers le haut. En mai, l’inflation risque donc de remonter. Mais cela devait être éphémère. Pour le reste de l’année, la Banque du Canada s’attend à ce que la vie ne nous coûte pas plus cher. Le marché immobilier, lui, obéit à une autre dynamique. La possibilité de reporter les paiements hypothécaires jusqu’à l’automne a permis à des milliers de propriétaires de souffler. Mais la facture va finir par arriver… et bien des gens risquent de la trouver trop lourde. Ils n’auront alors d’autre choix que se départir de leur propriété. La Société canadienne d’hypothèque et de logement entrevoit une baisse des prix qui pourrait atteindre 18 % d’ici l’an prochain. Un avantage à l’acheteur? Oui, en autant qu’il s’en trouve. Tant qu’on ne pourra pas imaginer la fin de cette fichue épidémie, les prévisions économiques s’apparentent aux sports extrêmes.