Faits divers

Des membres de gangs de rue de passage dans la région

le mercredi 09 mars 2016
Modifié à 0 h 00 min le 09 mars 2016
Par Steve Sauvé

ssauve@gravitemedia.com

Salaberry-de-Valleyfield, capitale régionale du Suroît pour les uns, ville de l’amour pour les autres. Désormais, le terme «Terrain connu pour les gangs de rue» pourrait également s’appliquer.

Il n’y a pas de doute, bien que personne ne le crie sur tous les toits, des membres de gangs de rue sont présents dans la région. En fait, le phénomène ne serait pas nouveau mais très peu de gens acceptent d’aborder le sujet. Certains se sont confiés sans que leur identité ne soit dévoilée.

La position géographique de Salaberry-de-Valleyfield serait un facteur déterminant pour les criminels. La proximité avec l’Ontario, les États-Unis, certaines réserves amérindiennes et l’accès à l’eau et à des autoroutes faciliteraient grandement la tâche à certaines organisations dites criminelles. De plus, le facteur socioéconomique jouerait un rôle important.

Une personne impliquée de près sur le sujet indique que Salaberry-de-Valleyfield est une plaque tournante de la criminalité dans l’est canadien; qu’il ne faut surtout pas croire que la présence des gangs de rue soit exclusive à la métropole. D’ailleurs, il y en aurait pour tous les goûts dans la région. «Il ne faut pas partir en peur, a affirmé notre contact. Ça fait quelque temps déjà qu’on voit des membres de gangs de rue à Salaberry-de-Valleyfield. Il y a aussi des mafieux et des motards. Il y en a partout dans la province. Ce n’est pas exclusif à Salaberry-de-Valleyfield. Par contre, il ne faut pas croire que les gangs de rue ne viendraient pas ici.»

Des commerçants de la région disent servir parfois des clients avec des demandes particulières. L’un d’entre eux explique recevoir des visites hebdomadaires d'individus qui pourraient s’avérer des membres de gangs de rue. «Premièrement, ils viennent avec des voitures que, même si j’avais deux emplois à temps plein, que je ne pourrais même pas me payer, lance-t-il d'entrée de jeu. Ils achètent beaucoup de cartes de crédit prépayées. J’en ai même vus qui souhaitaient acheter des cartes et payer au moyen de cartes de crédit.»

L’individu rencontré informe que son commerce a déjà été victime d’une fraude par carte de crédit. «J’avais des doutes car le type avait environ 20 cartes de crédit en sa possession, raconte-t-il. Cependant, la transaction a été approuvée. Quelques semaines plus tard, nous avons reçu un appel nous demandant de sortir notre historique de transactions puisqu’il s’agissait possiblement d’un réseau de cartes de crédit volées.»

Du côté de la Sûreté du Québec (SQ), la responsable aux communications Joyce Kemp confirme la présence de membres de gang de rue dans la région, mais tient à nuancer ses propos.

«Effectivement, certains établissements licenciés de Salaberry-de-Valleyfield peuvent être fréquentés par des membres de gangs de rue. Toutefois, rien n’indique que les gangs de rue sont implantés dans la Ville», confie Mme Kemp. 

Pierre-Olivier Gagnon, procureur à la direction des poursuites criminelles et pénales corrobore la théorie de la SQ. «Je ne peux pas dire qu’il n’y en a pas car il arrive que des gens soient arrêtés dans le district et qu’ils sont connus pour être affiliés aux gangs de rue, explique M. Gagnon.. Cependant, rien ne nous laisse croire qu’ils sont implantés ici. Ils sont de passage et commettent un délit, alors ils sont arrêtés et comparaissent au Palais de justice de Valleyfield.»

Toujours selon le procureur, il est difficile de relier un individu à un gang puisque sa structure est moins officielle que celle des motards. «C’est plus chaotique comme organisation, donc plus difficile de relier les membres», mentionne M. Gagnon. 

Qu’est-ce qu’un gang de rue ?

 

Selon le site internet du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), un gang de rue est un regroupement plus ou moins structuré d'adolescents ou de jeunes adultes qui privilégient la force de l'intimidation du groupe et la violence pour accomplir des actes criminels dans le but d'obtenir pouvoir et reconnaissance et/ou de contrôler des sphères d'activités lucratives.

De cette définition générale, validée en 1991 par le Service canadien de renseignements criminels et révisée en 2003 conjointement avec le ministère de la Sécurité publique du Québec, découlent trois profils de gangs de rue.

Trois profils de gangs 

L'adhésion à un groupe fait partie intégrante du processus de développement des adolescents. Lorsque la violence et la criminalité prennent le dessus sur la vie de groupe, on s'approche, selon divers degrés, du profil d'un gang de rue. Il existerait trois types de gangs de rue.

1. Bande de jeunes

Regroupement peu structuré d'adolescents qui commettent des infractions mineures.

2. Gang émergent

Regroupement d'individus, généralement des adolescents, qui ont pour modèles les gangs majeurs. Bien qu’il soit moins structuré et plus improvisé, le gang émergent se centre sur l'acquisition puis la défense d'un territoire. Ses membres pratiquent le taxage, profèrent des menaces et commettent des agressions armées aux abords de certains lieux publics. Ils sont des recrues de premier choix pour les gangs de rue majeurs.

3. Gang majeur

Regroupement d'adultes ou d'adolescents qui commettent des crimes de plus haut niveau, comportant une violence ciblée.

Que font-ils ?

Contrairement aux groupes du crime organisé, les gangs de rue sont reconnus pour être imprévisibles et non structurés. Leurs actes de violence peuvent résulter d'une pulsion du moment, même sans objectif de gain financier.

Les gangs de rue cherchent, par opportunisme, à acquérir un territoire et à gagner de l'argent rapidement. Leurs activités tournent notamment autour du trafic de drogues et d'armes, de la prostitution juvénile, du vol, du prêt usuraire, de l'extorsion et du recel.