La Coupe Alexander collée à la mémoire de Roger «Bill» Guérin

HISTOIRE. Pour les Campivallensiens toujours de ce monde qui ont vécu la conquête de la Coupe Alexander par les Braves de Valleyfield en 1951, cet événement sportif restera incrusté à tout jamais dans leur mémoire.
Roger «Bill» Guérin, aujourd'hui âgé de 84 ans, se souvient des moindres détails entourant la glorieuse époque du hockey professionnel à Salaberry-de-Valleyfield. C'est que cet homme engagé dans la communauté depuis toujours était le préposé à l'équipement quand les Braves ont remporté le championnat des séries de la Ligue senior provinciale sous les ordres de Hector «Toe» Blake.
«C'était un travail bénévole mais l'équipe nous récompensait autrement. Les Braves me payaient des patins et l'équipement pour jouer au hockey. Ils me fournissaient aussi un pantalon blanc et un chandail aux couleurs de l'équipe pour les matchs», se souvient l'octogénaire, qui a campé le rôle de «trainer» pendant 4 saisons, de 1950 à 1954. «Je m'occupais également de faire le ménage dans les toilettes à l'aréna et "Toe" Blake me récompensait avec un pourboire.»
Jeune adulte, «Bill» Guérin avait 18 ans quand le préposé à l'équipement de l'époque, Paul Hogue, lui a demandé de lui donner un coup de main. «Il m'a présenté aux joueurs et après un certain temps, les Braves m'ont offert de continuer. Je n'ai pas hésité à dire oui», a-t-il relaté à l'occasion du dévoilement de la murale en souvenir de Hector «Toe» Blake à l'aréna Salaberry.
Questionné à propos du légendaire entraîneur, Roger Guérin n'a que des éloges à formuler pour le «coach» qui a mené les Canadiens de Montréal à 8 Coupes Stanley après avoir décroché un titre avec les Braves.
«Il était extraordinaire. "Toe" Blake prônait la discipline mais il ne réprimandait jamais personne devant les autres. Quand un joueur faisait une erreur, il passait son message en pointant la position de celui-ci sur le tableau noir dans le vestiaire et il frappait à répétition avec une craie. Sur glace, il sifflait autant de fois que les joueurs devaient recommencer», mentionne-t-il.
Roger Guérin souligne que «Toe» Blake était toutefois intransigeant en rapport avec la ponctualité. «Il fallait respecter l'heure fixée pour l'arrivée aux pratiques et aux parties. A une occasion, Georges Bougie s'est présenté 5 minutes en retard et l'entraîneur l'a retourné chez lui. D'autres joueurs ont été laissés sur le banc parce qu'ils étaient en retard», raconte le gentil monsieur.
Concernant les stratégies de jeu, «Toe» Blake écrivait ses plans de match sur des feuilles de papier après avoir étudié ses adversaires et il lisait ses notes aux joueurs. «Il envoyait des espions aux entraînements des autres équipes pour détecter leur façon de faire. Il n'y avait pas de vidéo. De plus, aucune information ne devait sortir de notre chambre des joueurs», explicite M. Guérin.
Un défenseur aux patins brillants
Parmi les autres anecdotes refilées au représentant du «Journal Saint-François», le défenseur Jimmy Orlando était très orgueilleux et «propre à l'extrême» selon notre interlocuteur, qui devait enduire les patins du joueur d'un vernis appelé «Chalac» pour maintenir leur brillance. Roger Guérin ajoute que le capitaine de l'édition 1950-51 des Braves, Jack irvine était sympathique et très rassembleur. «Quand il y avait un problème à régler, Irvine discutait avec les joueurs concernés et il en parlait à l'entraîneur par la suite.»
[caption id="attachment_44313" align="alignnone" width="521"] Lors de la mise au jeu protocolaire précédant le dernier match «Vintage» des Braves juniors, «Bill» Guérin a déposé la rondelle en présence de Réjean Houle, Bruce Cline, Mario Hébert, Gordie Haworth, Réal Lessard, du Groupe Alliance Auto, Miguel Lemieux, maire, Martin Lacroix, président des Centres sportifs, ainsi que les capitaines des deux équipes, Mikaël Sabourin et Maxime Chagnon. (Photo: Élizabeth Leroux)[/caption]
Quant aux vedettes du temps, «Bill» Guérin louange Rosario «Kitoute» Joannette tout en ayant une reconnaissance spéciale pour Georges Bougie. «Il était aussi bon sur la glace et très populaire à l'extérieur de la patinoire. Georges n'hésitait pas à défendre un coéquipier et il l'avait démontré une fois à Chicoutimi en se battant avec un opposant qui s'en était pris à Jacques Deslauriers.
Lors des parties jouées à Montréal, les Braves prenaient un repas à leur retour au restaurant Deschambeault, coin Wilfrid et Nicholson près de l'aréna. C'était un aller-retour quand l'équipe se déplaçait à Ottawa, les joueurs ayant droit à des barres de chocolat et des boissons gazeuses.
«Bill» Guérin a quitté son poste chez les Braves en 1954 pour aller tenter sa chance comme joueur au camp du club junior de Jonquière. Après deux joutes préparatoires, où il a côtoyé notamment Jean-Claude Tremblay, l'attaquant est rentré à la maison et il a évolué dans la Ligue Soulanges.
En tant que hockeyeur, Roger Guérin a chaussé les patins pendant plus d'un demi-siècle jusqu'à l'âge de 74 ans. Avant de retirer son équipement pour la dernière fois, il a participé à un tournoi regroupant des joueurs de 75 ans et plus. Depuis une dizaine d'années, il patine 3 fois par semaine avec son chandail rayé comme arbitre dans les ligues récréatives.