CHSLD Dr-Aimé-Leduc: des moments de joie grâce à la musique
Nous n’aurions pas cru repartir du CHSLD Dr-Aimé-Leduc avec la joie au cœur le mercredi 1er mai. Car il y avait une atmosphère de fête inhabituelle dans l’unité protégée qui accueille les résidents ayant d’importants problèmes neurocognitifs, grâce à un nouveau projet pilote de thérapie musicale développé par deux intervenants.
Depuis l’instant où la pandémie de COVID 19 a forcé la fermeture de l’établissement aux visiteurs, l’ergothérapeute Cathy Robertson et l’orthophoniste Gilles Duchesne ont mis leurs talents musicaux à contribution. Devant l’isolement que cette mesure occasionnait pour les 16 résidents de l’unité, les deux collègues ont entrepris d’en limiter les impacts en leur procurant de petits moments de bonheur musical tout en chansons.
« On se sentait un peu délaissés devant cette clientèle vulnérable parce qu’on ne sait pas toujours comment les stimuler, note Cathy Robertson. Notre but c’est d’aller les chercher un à un avec des chansons. Le fait de s’adresser à eux directement et non dans un concept de spectacle, ça vient les chercher davantage.»
Des chansons et des sourires
Dans l’unité où nous nous rendons pour en témoigner, les deux professionnels de la chanson sont accueillis avec un enthousiasme rarement vu de la part de ces résidents, dont certains peinent à s’exprimer.
Ceux qui le peuvent les accompagnent avec joie, comme Linda, dont la chaise berçante suit la cadence. Le répertoire est vaste et évocateur. On chante des airs comme La Ballade des gens heureux, À la claire fontaine, la Complainte du phoque en Alaska, Mille après mille, ou encore l’Arbre est dans ses feuilles. Pour Robert Cartier, un résident davantage anglophone, Gilles entonne les premières notes de Take Me Home, Country Roads et provoque du même coup un large sourire.
(Photo Journal Saint-François – Mario Pitre)
Une résidente, Carmen Filion, arbore aussi un large sourire en savourant ce moment privilégié. «J’aime bien ça, dit-elle. Parfois, quand ça de vient trop long je quitte, mais là, je suis très contente.»
Un résident assis dans un fauteuil, M. Jasmin, réagit lorsqu’on lui apporte un accordéon. Il poussera quelques notes au plaisir de l’entourage. D’autres résidents conservent un certain mutisme, mais malgré tout, tapent des mains ou exercent un pas de danse avec des préposés, qui savourent également ce rare moment de joie.
M. Jasmin a poussé quelques notes à l'accordéon. (Photo Journal Saint-François – Mario Pitre)
«On voit qu’ils aiment la musique, ils embarquent dans l’activité, on voit qu’ils éprouvent du plaisir et qu’ils apprécient le fait de passer du bon temps avec nous et qu’on s’occupe d’eux», mentionne Marc-Antoine, thérapeute en sports au CHSLD.
(Photo Journal Saint-François – Mario Pitre)
Les effets positifs obtenus dans le cadre de ce projet pilote sont multiples : socialisation, langage, motricité, interaction avec les familles. Ces résultats incitent ses responsables à le documenter afin de le pérenniser éventuellement dans d’autres CHSLD du CISSSMO. On prévoit incidemment y adjoindre une formation afin d’y intégrer de nouveaux intervenants au sein des autres établissements.
Une nouvelle motivation pour Serge Larocque
Les activités de thérapie musicale développées au CHSLD Dr-Aimé-Leduc arrivent comme un baume pour Serge Larocque, un résident pour qui la musique a agrémenté une grande partie de sa vie.
Affecté par de multiples arrêts vasculaires cérébraux (AVC) ces dernières années, Serge Larocque a été contraint d’élire domicile au CHSLD de la rue Du Marché en raison des soins que sa condition requiert.
Mais à 62 ans, le guitariste conserve toujours le même amour de la musique. «Il a toujours joué de la musique à la maison, raconte sa fille, Isabelle. Il a même déjà joué dans certains groupes de musique, c’est un grand amateur des Beatles.»
Malgré une paralysie causée par de multiples AVC, Serge Larocque parvient à jouer de la guitare et accompagner les séances de thérapie musicale au CHSLD Dr-Aimé-Leduc. (Photo Journal Saint-François – Mario Pitre)
Cet amour de la musique lui a permis de relever un grand défi, celui de réapprendre à jouer de la guitare. Serge arborait d’ailleurs un large sourire à notre arrivée au CHSLD car il souhaite que ce le projet mis en place puisse connaître d’autres vies ailleurs, dans d’autres établissements.
On nous avait cependant prévenu qu’il était fatigué cette journée-là et qu’il se limiterait à jouer une ou deux chansons. Pourtant, il a été en mesure d’en enfiler plusieurs avec l’accompagnement de Gilles Duchesne et malgré sa paralysie partielle.
«Ce projet-là lui fait extrêmement de bien, assure sa fille; et pas juste à lui je crois», poursuit-elle en montrant l’ambiance qui régnait dans l’unité.