Opinion
Comment se porte votre santé mentale ?

Chronique - L’alimentation intuitive

le dimanche 07 mai 2023
Modifié à 16 h 26 min le 28 août 2023

(Photo: Pixabay)

Par Dre Andrée-Anne Bouvette-Turcot, PhD, psychologue

Comment va votre relation avec votre corps? Vous interdisez-vous de manger certains aliments par peur de prendre du poids? Vous sentez-vous coupables après avoir mangé certains aliments? Si vous avez répondu oui à une ou à plusieurs de ces questions, l’alimentation intuitive pourrait vous intéresser.

L’alimentation intuitive est une approche positive qui vise à éliminer les régimes et les diètes et invite plutôt à se concentrer sur notre corps et ses signaux. Quand on s’alimente de manière intuitive, on réapprivoise nos signaux de faim et de satiété et on les place au cœur de nos habitudes alimentaires. 

L’alimentation intuitive existe depuis plusieurs années et repose sur 10 grands principes  :

1)    Rejeter la mentalité des régimes

Les régimes sont par définition des modèles restrictifs. Ils brouillent ainsi nos signaux de faim et de satiété. Quand on se prive et qu’on se limite, on finit inévitablement par perdre le contrôle, ce qui entraîne souvent un gain de poids. À preuve, la majorité des gens qui perdent du poids grâce à un régime finissent par reprendre les kilos perdus dans les années subséquentes. 

2)    Honorer sa faim en étant connecté sur soi-même

Lorsque l’on ressent la faim, c’est que notre corps a besoin d’être nourri. Il faut donc le nourrir. Ignorer sa faim ou tenter de repousser le moment de manger lorsque l’on a faim peut augmenter le risque de compulsion alimentaire (perte de contrôle). Il faut donc écouter son corps. On mange lorsque l’on ressent la faim et non par automatisme parce que c’est l’heure habituelle où l’on mange. On essaie aussi de manger avant que la faim ne devienne trop intense. Une faim intense, ou lorsque l’on est affamé, nous pousse à manger très rapidement et brouille ainsi les signaux de satiété. C’est ainsi que l’on tend à manger plus que ce dont notre corps a besoin. Parfois notre corps a besoin d’un repas et parfois il a besoin d’une collation. On s’assure donc d’avoir ce qu’il faut sous la main.

3)    Faire la paix avec la nourriture

Aucun aliment ne devrait être interdit. On se permet de manger ce dont on a envie, lorsque l’on a faim. On mange les aliments dont on a envie, en respectant sa faim et sa satiété. On s’abstient de compter les calories et on chasse la culpabilité liée à la consommation de certains aliments. 

4)    Cesser d’étiqueter les aliments comme « bons » ou « mauvais »

Partir du principe que certains aliments sont bons ou mauvais est contre-intuitif. Évidemment, certains aliments ont une plus grande valeur nutritive que d’autres. Toutefois, les catégoriser comme « bons » ou « mauvais » ne fera qu’engendrer de la culpabilité après avoir consommé certains aliments ce qui non seulement nuira à notre relation avec la nourriture mais, en plus, augmentera le risque de surconsommation car les aliments dits interdits deviennent l’objet de nos désirs.

5)    Tenir compte de sa sensation de satiété

Le signal de satiété c’est le moyen qu’a notre corps de nous communiquer que l’on a suffisamment mangé. Or, quand on mange en faisant autre chose (par exemple, en regardant la télé, en lisant ou en travaillant), on ne porte pas attention à nos signaux de satiété et on risque de trop manger. Des trucs pour ralentir? Porter attention au plaisir de manger. On peut se concentrer sur les différentes saveurs de notre repas, les textures et le plaisir que l’on éprouve à manger. On peut aussi prendre une pause au milieu du repas pour se demander si l’on a encore faim. Il ne faut pas non plus hésiter à arrêter de manger lorsque l’on se sent rassasié, même s’il reste de la nourriture dans notre assiette. De même, si l’on croit avoir encore faim après avoir terminé notre assiette, on peut attendre un peu (une trentaine de minutes, par exemple) avant de se re-servir pour s’assurer d’avoir bel et bien encore faim. 

6)    Découvrir le plaisir de manger

On mange ce que l’on a envie de manger et ce qui nous fait plaisir. On sort de notre tête et de ce qu’on croit qu’on devrait ou pas manger. Si j’ai envie de croustilles, c’est faux de croire que je serai comblée en mangeant des crudités. En mangeant mes croustilles, je prends le temps de les savourer, de m’arrêter à leur texture, à leur saveur, etc. On évite aussi d’avaler les aliments rapidement sans y goûter.

7)    Vivre ses émotions sans faire appel à la nourriture

Il faut éviter d’apaiser nos émotions en ayant recours à la nourriture. Pour ce faire, il faut apprendre à distinguer les sensations physiques liées aux émotions des signaux de faim et de satiété. Par exemple, mon ventre peut gargouiller parce que j’ai faim ou parce que je suis anxieuse. 

8)    Respecter son corps

On ne peut pas choisir sa taille et son poids tout comme on ne peut pas choisir la couleur de ses yeux. Il faut apprendre à accepter et à respecter son corps tel qu’il est et arrêter de se fixer des objectifs de forme et de poids qui vont mener à du stress et à de la restriction alimentaire.

9)    Bouger pour le plaisir
Il faut apprendre à bouger pour se faire du bien et s’amuser. C’est le même principe que d’avoir du plaisir en mangeant. Faire de l’exercice pour perdre du poids peut devenir démotivant voire même déprimant et angoissant.

10)    Honorer sa santé et ses papilles

On peut à la fois manger pour sa santé ET pour le plaisir. Personne ne souffrira de carence alimentaire ou ne prendra du poids rapidement parce qu’un repas ou une journée n’est pas aussi équilibré nutritionnellement que ce qui est recommandé. Il faut faire confiance à son intuition et y aller un pas à la fois.


Andrée-Anne Bouvette-Turcot entame une collaboration avec Le Courrier du Sud. Elle livrera une chronique mensuelle, qui sera publiée sur notre site Web.  Dre Andrée-Anne Bouvette-Turcot est détentrice d’un doctorat en psychologie et d’un post-doctorat en psychiatrie. Elle travaille aux Centres de la jeunesse et de la Famille Batshaw (DPJ anglophone) depuis 2018.

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