Casier judiciaire: un boulet pour le marché du travail

Chaque jour, ou presque, des personnes obtiennent l’absolution inconditionnelle au palais de justice de Valleyfield à la suite d’un don à une ressource communautaire. Il faut comprendre qu’une personne qui commet un crime mineur a avantage de procéder ainsi, plutôt que de traîner un casier judiciaire.
Le mardi 28 juin, une jeune fille de 19 ans s’est présentée devant le juge Michel Mercier. Visiblement nerveuse, l’accusée devait comparaitre à la suite d’un vol à l’étalage de 50 $ dans une épicerie de Salaberry-de-Valleyfield. Sans aucun antécédent judiciaire, l’étudiante en technique d’éducation en service de garde à eu droit à tout un sermon du magistrat.
«Il faut que vous réalisiez un point très important, a dit le juge Mercier. Que ce soit en garderie, pour devenir policière, pompière ou même pour travailler dans la construction, les employeurs ne veulent pas engager quelqu’un avec un dossier judiciaire. Je sais que cela n’est pas correct, mais c’est la réalité.»
Toujours selon les dires du juge Mercier, lorsqu’un chef d’entreprise a le choix entre deux candidats, mais que l’un d’eux possède des antécédents judiciaires, il devient systématiquement le deuxième choix.
Le coordonnateur de l'Association des services de réhabilitation sociale du Québec (ASRSQ), David Henri, louange la décision du juge Mercier. «Les études démontrent qu’une personne avec un casier judiciaire a 50 % moins de chances d’obtenir un emploi, explique-t-il. Pour ce qui est des postes de direction, c’est même impossible puisqu’il y a automatiquement des vérifications d’effectuées.»
Semble-t-il qu’une personne peut se référer à l’article 18.2 de la Charte des droits et liberté qui stipule que nul ne peut congédier, refuser d’embaucher ou autrement pénaliser dans le cadre de son emploi une personne du seul fait qu’elle a été déclarée coupable d’une infraction pénale ou criminelle, si cette infraction n’a aucun lien avec l’emploi ou si cette personne en a obtenu le pardon. Toutefois, la réalité est bien différente.
«Un employeur ne dira jamais qu’il n’engage pas quelqu’un pour ce motif. Il dira simplement qu’il a choisi un autre candidat. Par contre, la loi exige qu’une personne fasse mention de son dossier judiciaire si l’employeur le demande. Dans ce cas-ci, le juge s’est montré conscientisé aux impacts négatifs d’un casier judiciaire pour quelqu’un qui s’apprête à prendre d’assaut le marché du travail», mentionne M. Henri.
Casier judiciaire |
750 000. Selon les statistiques, 750 000 Québécois ont un casier judiciaire. 20%. Au Canada, 20 % de la population est judiciarisée. 50%. Une personne avec un dossier judiciaire doit postuler 50 % de plus qu’une personne sans antécédents afin de trouver un emploi. 66%. Les deux tiers des employeurs au Québec vérifient les antécédents judiciaires de leurs futurs employés. |