Économie

Du café des quatre coins du monde décaféiné chez Qusac Décaf

le mardi 21 novembre 2017
Modifié à 9 h 43 min le 21 novembre 2017
Par Mario Pitre

mpitre@gravitemedia.com

Après avoir connu des hauts et des bas depuis son établissement dans le parc industriel Perron à Salaberry-de-Valleyfield à la fin des années 80, l’entreprise Qusac Décaf a maintenant le vent dans les voiles et entretient d’importants projets d’expansion. «On a toujours été sous le radar depuis nos débuts car on n’avait pas atteint notre rythme de croisière, explique Brent Fleming, pdg de l’entreprise. Mais depuis 6 mois, on peut dire qu’on connaît une croissance qui mérite d’être soulignée. On récolte enfin ce qu’on a semé.» Qusac Décaf compte parmi les 6 entreprises de décaféination de café dans le monde, et deux en Amérique du Nord. Elle a produit pour 12 millions de livres de café décaféiné en 2017 et prévoit atteindre les 18 millions de livres en 2018. Cette croissance se traduira également par des investissements de 8 à 10 M $ d’ici 1 an et demi pour l’agrandissement de ses installations. «On a fait entrer 44 voyages de nouveaux équipements cet été», mentionne l’entrepreneur, notamment des convoyeurs, séchoirs et facilités d’empaquetage. Ceux-ci sont entreposés en attendant leur installation. Technologie verte L’usine du boulevard Des Érables, qui emploie une quarantaine de travailleurs, dispose de son propre procédé de décaféination ayant recours au chlorure de méthylène. [caption id="attachment_42149" align="alignnone" width="521"] Des fèves de café, avant et après avoir été soumises au procédé de décaféination.[/caption] Ce procédé reconnu a l’avantage de retenir davantage la saveur du café, explique Claude-André Bossé, spécialiste sensoriel en café. Appelé DFE (Designed for Environement), ce procédé a recours à une moins grande quantité d’eau et d’énergie pour le traitement des grains de café. Il élimine également toutes traces d’herbicides ou pesticides présents dans les grains. Au terme de l’opération, il ne reste pratiquement qu’une infime trace de chlorure de méthylène, sans risque pour la santé. Les grains de café naturels (verts) en provenance de nombreux pays producteurs de café y sont traités au gré de diverses opérations, pour ensuite être revendus à des grandes entreprises qui en assureront la torréfaction puis la distribution à travers le monde. On retrouve notamment ces produits dans les chaînes de dépanneurs Seven Eleven et Dunkin Donuts. De plus, la caféine naturelle extraite des fèves de café «avec une précision chirurgicale» est aussi écoulée auprès d’entreprises pharmaceutiques ou des fabricants de suppléments alimentaires. Débuts difficiles L’usine de décaféination a néanmoins connu un départ cahoteux à la fin des années 80. D’abord construite par des investisseurs mexicains qui avaient bénéficié de généreuses subventions, l’entreprise alors appelée Musac a connu des problèmes de production. Passée aux mains d’importateurs new-yorkais en 1992, l’entreprise a dû ensuite déclarer faillite. [caption id="attachment_42150" align="alignnone" width="521"] Le pdg Brent Fleming et son équipe ont fait preuve de persévérance pour faire renaître l’entreprise qui était en faillite en 1992.[/caption] Vendue à un entrepreneur du Texas décidé à démanteler les installations, l’usine a pu être sauvée lorsque reprise par Bill Fleming et son fils Brent. «Il fallait agir rapidement à ce moment-là», rappelle ce dernier, en mentionnant l’intervention du maire Denis Lapointe et des députés Serge Deslières et Serge Marcil pour rassurer les institutions financières. Il a fallu deux années aux Fleming et leur équipe pour remettre l’usine en état de fonctionner. «On est vraiment reparti à zéro, il a fallu revoir toute l’alimentation électrique, changer la technologie en place et procéder à des ajustements. L’usine est finalement devenue opérationnelle à compter du 7 juillet 1997», raconte Brent Fleming, avec fierté. Vingt ans plus tard, l’expertise de Qusac Décaf est reconnue à l’échelle internationale au sein de l’industrie du café. L’entreprise témoigne d’un chiffre d’affaires de 28 M$, qu’elle compte rehausser à 100 M$ d’ici trois ans, signale le décaféinateur. Qusac Décaf Inc. -Spécialisée dans la décaféination du café -Chiffre d’affaires : 28 M$ -Production : 12 millions de livres en 2017 -prévision de 18 millions en 2018 -Environ 40 employés -Projet d’expansion de 8 à 10 M$ -Parmi les 6 entreprises de décaféination dans le monde