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Autobus vers le Cégep de Valleyfield : le calvaire matinal

Il y a 2 heures
Modifié à 13 h 48 min le 12 septembre 2025
Par Valérie Lessard

vlessard@gravitemedia.com

Le premier autobus de la journée de la ligne 1 arrive au cégep de Valleyfield à 7h30. (Photo : Le Soleil - Valérie Lessard)

Naomy Tremblay, étudiante au Cégep de Valleyfield et résidente du secteur Melocheville à Beauharnois, a raté son premier cours du matin à quelques reprises depuis la rentrée scolaire, incapable d’embarquer dans l’unique bus déjà complet lorsqu’il passe devant son arrêt. Exo est au courant de la situation, mais ne peut bonifier son offre de service pour des raisons financières.

Le départ de 6h30 de la ligne 1 à partir du terminus de Châteauguay arrive à 7h30 au cégep de Valleyfield et il est la seule option pour les étudiants comme Naomy Tremblay dont les cours commencent à 8h. Selon l’étudiante en 2e année, l’achalandage est nettement plus important que l’an dernier. «L’année passée, je pouvais embarquer dans l’autobus, souvent j’étais debout, mais on s’habitue», explique-t-elle.

L’autrice de ses lignes a testé la ligne Châteauguay-Valleyfield en matinée le 8 septembre et a pu constater que rapidement, les places assises sont comblées. Arrivé à Beauharnois, l’autobus était plein. Naomy Tremblay n’a d’ailleurs pas été embarquée ce matin-là.

L’absence de service adéquat du transport en commun lui occasionne des problèmes pour ses cours ; certains enseignants sont compréhensifs et lui proposent des accommodements alors que d’autres lui ont signifié qu’elle pourrait avoir un échec si elle cumule trop de retard. «J’ai compris que le vendredi je n’arriverais pas à avoir l’autobus, j’essaie de m’arranger autrement», mentionne-t-elle.

Avec l’aide du cégep, elle dit avoir accès au service de taxi-bus de Valleyfield gratuitement, mais celui-ci passe encore plus tôt que l’autobus. Elle a fait des plaintes à exo, mais l’organisme ne peut lui garantir que le service s’améliorera. «Je ne comprends pas. Je paye une passe d’autobus pour que vous ne me rendiez pas le service ?» déplore-t-elle.

Aucune option

Elle n’est d’ailleurs pas la seule à avoir porté plainte depuis le début du mois. Geneviève Dubé a aussi dénoncé le service. Sa fille a commencé le cégep à Valleyfield en septembre. Comme elle habite Châteauguay, elle réussit à embarquer dans l’autobus, mais n’arrive presque jamais à avoir une place assise et passe donc le trajet de 45 minutes debout, son sac à dos rempli sur le dos. Au départ, sa fille embarquait à l’arrêt près de la rue Primeau à proximité de la maison.

Le départ de 6h30 de la ligne 1 est rapidement bondé. Des gens doivent faire le trajet debout à partir de Châteauguay. (Photo : Le Soleil - Valérie Lessard)

Elles ont essayé d’autres arrêts plus tôt sur la ligne dans l’espoir d’avoir une place assise, sans succès. «Je suis quasiment rendue au centre d’achats. Tant qu’à ça, je vais aller la porter au terminus et elle sera dans les premières à embarquer, mais si tout le monde fait ça, ça va revenir au même», déplore la mère.

Elle dénonce le peu d’options disponibles pour les étudiants qui contribuent à la surpopulation dans le véhicule et découragent les jeunes à utiliser le transport en commun. «Plusieurs étudiants hésitent à prendre l’autobus pour se rendre au collège, préférant d’autres moyens de transport, ce qui va à l’encontre des objectifs environnementaux que nous devrions tous viser», mentionne-t-elle.

Le Cégep de Valleyfield a confirmé au Journal suivre de près la situation de la ligne 1. «Nous sommes très sensibles à cette situation et nous demeurons confiants que le transporteur puisse assurer les ajustements et suivis requis», indique Geneviève Boileau directrice des communications au cégep. L’établissement collégial, de son côté, poursuit ses représentations auprès d’exo et des instances politiques au sujet des enjeux entourant l’offre de transport sur le territoire desservi par le cégep et ses centres d’études.

La ligne 1 en matinée au terminus de Châteauguay. (Photo : Le Soleil - Valérie Lessard)

La fille de Geneviève Dubé avait spécifiquement choisi le cégep de Valleyfield pour ses études en sciences nature puisqu’il y a un arrêt d’autobus près de chez elle qui lui permettait de rester sur la Rive-Sud plutôt que de prendre le pont Mercier pour aller, par exemple, au cégep André-Laurendeau à LaSalle. «Ma fille, ça fait 16 ans qu’elle me voit prendre le pont Mercier et ça ne lui tente pas de le prendre. Je la comprends. Combien de fois je suis arrivée en retard, fatiguée, prise dans le trafic à cause d’une tempête de neige ou un accident», explique la Châteauguoise.

Guère mieux sur d’autres lignes

D’ailleurs, il semble que les enjeux ne sont pas limités à la ligne 1. Valérie Blanchard et son fils prennent l’autobus à partir de Châteauguay pour se rendre à LaSalle; elle au travail, lui au cégep André-Laurendeau. Depuis la rentrée scolaire, ils subissent régulièrement des retards dans l’horaire et des annulations de passage de dernière minute. «Lorsque cela se produit, le prochain bus est plein. Je suis donc prise à attendre sur le trottoir pendant 30 à 60 minutes pour qu’un prochain bus passe», raconte-t-elle.

 Pour s’assurer d’être à l’heure, elle doit donc partir 1h30 d’avance et son fils, lui, jusqu’à 2h d’avance pour des trajets d’une durée de 30 à 60 minutes. «Je crois que je devrai abandonner mon projet de me déplacer en transport collectif et revenir à la voiture. […] Je vis un stress d'arriver en retard au travail chaque jour et mon fils d'arriver en retard au cégep puisque le service n’est pas fiable», souligne-t-elle.

Exo a confirmé au Journal que l’achalandage est en forte croissance sur certaines lignes. «Plusieurs lignes sur le réseau subissent des enjeux de surcharge aux heures de pointe, surtout celles ayant une forte proportion d'étudiants», indique Andréanne Gagnon, conseillère aux relations médias chez exo. Pour la ligne 1, entre le 17 août et le 4 septembre, au moins cinq voyages ont été en surcharge dont deux sur le tout premier départ du matin en direction de Valleyfield.

«Bien que ces enjeux soient réels, le cadre financier actuel ne permet pas à exo de bonifier son offre de service», ajoute Mme Gagnon. Elle explique qu’exo est contraint de respecter ce cadre malgré la croissance démographique soutenue sur les couronnes nord et sud de Montréal. «Cela fait déjà plusieurs années qu’exo met en lumière les besoins de rattrapage dans l’offre de service dans les couronnes», mentionne Andréanne Gagnon.

Sur la plateforme Génération exo, le transporteur souligne notamment que les coûts d’exploitation augmentent plus vite que les revenus, qu’il doit gruger dans son budget d’exploitation pour assurer le maintien de ses actifs, ce qui réduit les sommes allouées à la bonification de l’offre de service.