Le village des pêcheurs voué à disparaître

Les hivers de pêche pourraient bien être choses du passé sur la baie Saint-François. (Photo Journal Saint-François - E.T.)
Pour un troisième hiver de suite, il semble qu’aucune cabane à pêche ne formera un village dans la baie Saint-François. Une activité qui pourrait avoir tendu sa dernière ligne.
«Dans le contexte actuel, avec le climat, je serais bien surpris qu’on ouvre le village, a indiqué Patrick Philie, coordonnateur, sports, loisirs et plein air à la Ville. Je crois qu’on a vu la dernière année du village des pêcheurs. C’est une décision sage, malheureusement, de ne plus mettre cette activité en valeur.»
Le mandat de la Ville était d’ouvrir l’accès au site via la barrière au bout de la rue Santoire. Un organisme sans but lucratif, comptant notamment sur Alain Séguin, gérait ensuite le village. Les gens s'y rassemblaient pour pêcher, jouer aux cartes ou simplement pour profiter des joies de l'hiver. Mais ouvrir un accès comportait son lot de désagréments. «Ça consiste aussi à ouvrir des risques vis-à-vis les bénéfices, explique M. Philie. J’en avais parlé avec la Sûreté du Québec qui nous avait suggéré de fermer la barrière le soir. Mais qu’est-ce qu’on fait si les gens ne veulent pas sortir ? On n’a pas juridiction sur l’eau. Les policiers ont souvent été appelés à intervenir.»
Alain Séguin a proposé à la Ville de délimiter un périmètre avec des clôtures. Ce qui n’arrivera pas mentionne le coordonnateur municipal en raison de différentes contraintes.
La Société de sauvetage recommande une épaisseur de 4 pouces de glace sur un plan d’eau pour pratiquer des activités comme la pêche sur la glace; 12 pouces pour s’y aventurer avec un camion de poids moyen utilisé pour déplacer les cabanes.
Au-delà de tout, aucune demande n’a été formulée à la Ville cette année pour la mise en place du village des pêcheurs. Des amateurs de pêche hivernale se sont équipés d’une tente spécialisée et pratiquent leur sport lorsque les températures sont propices.
À moins qu’un groupe structuré ne se manifeste, le village sur la baie Saint-François à Valleyfield pourrait avoir accueilli ses derniers pêcheurs en 2019.
Situation similaire avec les patinoires
Valleyfield conserve des statistiques au sujet de ses activités récréo-sportives hivernales. À partir de celles-ci, M. Philie compare la situation de la baie Saint-François à celle des patinoires érigées dans les différents quartiers. «Les statistiques démontrent qu’on les perd souvent au début de janvier pour les récupérer plus tard, explique Patrick Philie. La tendance est vers le bas depuis 20 ans.»
Ce qui a amené des municipalités à investir dans des patinoires extérieures réfrigérées pour déjouer les changements climatiques et favoriser une plus longue période d’utilisation.
Au moment d’écrire ces lignes, sept des 14 patinoires extérieures de la Ville étaient ouvertes.