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#MoiAussi pourrait briser la peur de dénoncer les agressions sexuelles

le jeudi 19 octobre 2017
Modifié à 10 h 35 min le 19 octobre 2017
Par Eric Tremblay

etremblay@gravitemedia.com

C’est en groupe que des gens ont dénoncé le comportement sexuel inapproprié d’Éric Salvail et Gilbert Rozon. Le mouvement #MoiAussi sur les réseaux sociaux a insufflé une dose de courage aux victimes. Chez CALACS-La Vigie, on pense que de plus en plus de victimes dénonceront les abus dont elles ont été la cible. «Plus on en entend parler, plus on reçoit d’appel, confirme Karine Gagné, coordonnatrice de l’organisme. C’est difficile d’y attribuer un lien en ce moment, parce qu’on reçoit toujours beaucoup de demande. » Souvent, les victimes vivent en silence leur douleur. Le fait que des gens se soient réunis d’une voix unique a assurément un impact. «Quand on brise le silence, on s’expose aux commentaires et aux insultes, dit Mme Gagné. En gang, ça donne du courage. Dans le cas de Harry Weinstein [influent producteur américain], une personne a dénoncé et ça ouvert la porte. Ça prend énormément de courage pour en parler. » Une agression sexuelle se veut la prise de pouvoir sur une autre personne. Si les victimes conservent le silence, c’est par peur de représailles. Les victimes ont peur d’être détruite et acceptent trop souvent de porter le fardeau. Les statistiques démontrent aussi que plus de 90 % des victimes connaissent leur agresseur. «Des gens refusent de dénoncer par peur de briser la famille, indique Karine Gagné. Mais non, ce sont les gestes posés qui ont brisé la famille. » Une sexagénaire a attendu la mort de son agresseur pour révéler qu’elle avait été victime d’inceste. Son secret, elle l’a gardé pour elle toutes ces années. La moyenne des délais de dénonciation est d’ailleurs de plus de 13 ans indique CALACS-La Vigie. La peur, encore une fois, de parler, expliquerait cette situation. Problème de société Une femme sur trois sera victime d’agression sexuelle au cours de sa vie. «C’est un problème social et non pas individuel, soutient la coordonnatrice. Quand il va y avoir des conséquences plus graves, on va voir le mouvement de dénonciation de masse de plus en plus.» Les agressions sexuelles sont les crimes contre la personne les moins punis dans le système judiciaire. Mme Gagné l’indique d’ailleurs clairement aux personnes qu’elles accompagnent; il faut embarquer dans ce processus de libération et de dénonciation sans espérer de résultat. Trop souvent, la sentence représentera une déception qui n’égalera pas les conséquences vécues par la victime. La dénonciation doit donc se faire, mais pas uniquement par les victimes. Les témoins de divers acte d’inconduite, ont aussi le devoir de réprimander. Chez CALACS-La Vigie, la liste d’attente pour du suivi s’allonge. Le territoire est vaste et l’organisme, faute de budget, ne compte que sur quatre intervenantes. En moyenne, c’est 200 demandes d’aide annuellement qui sont reçues, un chiffre qui est en hausse.

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