culture

Découverte des vestiges du plus ancien village au Québec

le mardi 17 novembre 2015
Modifié à 0 h 00 min le 17 novembre 2015
Par Mario Pitre

mpitre@gravitemedia.com

Les archéologues de la MRC du Haut Saint-Laurent ont découvert en juillet dernier les traces de ce qui pourrait s'avérer le plus ancien village connu du Québec, dans le secteur Cazaville à Saint-Anicet.

Selon l'archéologue Michel Gagné, même si l'équipe en est encore au tout début des recherches sur ce site, il est permis de croire qu'on a affaire à une découverte majeure. «Le site pourrait dater du 12e ou 13e siècle de notre ère environ, soit la période correspondant au Moyen-Âge européen… c'est la première fois qu'on découvre un site aussi ancien à l'intérieur des terres», estime celui-ci.

Le secteur où les recherches ont été effectuées, à proximité de la route 132, couvre 2000 mètres carrés. On y a déjà découvert quelque 1500 artéfacts, indique Michel Gagné, l'archéologue à l'origine du site Droulers-Tsiionhiakwatha.

D'ailleurs, les Iroquoiens qui vivaient à cet endroit étaient probablement les ancêtres de ceux qui ont vécu à Droulers-Tsiionhiakwatha. Parmi les éléments qui permettent d'établir la présence de ce village, on note principalement des pièces de céramique, une fosse (comme celles qu'on retrouvait dans les maisons longues), de même que des fragments de maïs.

Zone prolifique

Ce nouveau site de fouilles archéologiques vient s'ajouter à la dizaine de sites qui ont révélé leurs secrets jusqu'à présent, à divers degrés, sur le territoire de Saint-Anicet, dont 3 villages iroquoiens d'intérêt national (maintenant 4), et un, le site Doulers, est un Lieu historique national du Canada.

Pour Michel Gagné, cette découverte s'annonce tout à fait particulière, même s'il précise qu'il reste encore plusieurs travaux à compléter, afin de vérifier et documenter les vestiges du site.

«Il faudra procéder à un complément d'évaluation et surtout produire une datation radiocarbone sur un grain de maïs pour valider définitivement cette hypothèse. Par contre, le matériel céramique a été examiné également par des chercheurs de haut rang et ceux-ci abondent exactement dans le même sens que moi pour la datation relative du site», avance l'archéologue.

Connaissance du milieu

Selon lui, la découverte de ce site archéologique inconnu jusqu'ici tient presque du miracle, à peu de choses près. Elle résulte d'une solide compréhension des caractéristiques physiques et écologiques du secteur.

«La lecture du paysage biogéographique m'a permis ainsi de constater l'existence de nombreux marécages et milieux humides le long du lac Saint-François, coupé à un seul endroit dans ce secteur par une dune de sable impressionnante qui se voulait un corridor naturel facilement accessible pour atteindre les zones à l'intérieur des terres où l'on a découvert des sites archéologiques.»

Les recherches visant à mettre en lumière ce site archéologique se poursuivront à l'été 2016 et pourraient permettre à la région de consolider son expertise archéologique, déjà confirmée par la présence du site Droulers-Tsiionhiakwatha et du site de la Pointe-du-Buisson.

De plus, une demande d'aide financière a été déposée l'an dernier au ministère des Affaires municipales pour un projet visant à inventorier les berges de la rivière La Guerre, qui pourrait receler des vestiges datant également de la période historique anglo-saxonne, française et iroquoienne et produire une exposition d'envergure.