Automobiles

Volkswagen Passat GT 2018 : les lettres du désespoir

le mercredi 01 août 2018
Modifié à 9 h 00 min le 01 août 2018
Le Guide de l'Auto
Article par William Clavey

Lorsqu’un véhicule approche de la fin de son cycle de production, il est commun pour son constructeur de dénicher une édition spéciale afin de commémorer son départ. Ces bagnoles à édition limitée sont souvent très prisées par les amateurs de voitures ou même les collectionneurs, qui chérissent l’idée de mettre la main sur un bolide unique vendu en quantité limitée. Et dans certains cas, on a affaire à de véritables perles.

On ignore si la Volkswagen Passat GT 2018 finira dans le garage d’un collectionneur aux côtés d’une Pontiac G8 ou d’une Mazdaspeed MX-5. Ça, seul l’avenir nous le dira, mais on sait avec certitude qu’elle représente un bon coup de départ pour la Passat, une berline en fin de vie dont le sort demeure incertain en Amérique du Nord.

Une véritable histoire américaine
Le fait que notre Passat soit une version très américanisée de la célèbre berline allemande n’est pas un secret. En fait, depuis quelque temps, Volkswagen tente de plaire davantage à nos voisins du Sud avec des véhicules mieux adaptés à leur culture tout en étant plus volumineux et abordables. Ceux-ci viennent de l’usine de Chattanooga, au Tennessee, qui se charge aussi de développer et d’assembler l’Atlas. La Passat GT sort tout droit de là.

Pour qu’une Passat « de course » puisse passer au conseil, l’idée doit d’abord être lancée aux grands dirigeants de Wolfsburg.

En premier lieu, on n’a présenté qu’un ensemble purement esthétique qui permettrait de garder les coûts de développement le plus bas possible. En ajoutant du noir lustré là où se trouvait le chrome, un toit également noir, une grille à contour rouge inspirée de la Golf GTI, un parechoc avant plus agressif, des jantes « Tornado » de 19 pouces recouvrant des étriers rouges ainsi que de subtils écussons GT parsemés ici et là, on s’est retrouvé avec une Passat beaucoup plus affirmée que ses anodines versions de base.

Après avoir obtenu le feu vert des patrons, les Américains ont apporté à leur bébé quelques petites touches mécaniques exclusives à la GT, comme une suspension entièrement repensée incorporant des amortisseurs plus rigides et des ressorts raccourcis de 15 mm. La boîte automatique à six rapports avec double embrayage DSG s’est vue agrémentée de sélecteurs de vitesses au volant, comme sur la Golf GTI.

Le seul moteur proposé est le V6 (mieux connu sous l’appellation VR6) de 3,6 litres produisant 280 chevaux et un couple de 258 lb-pi, moteur auquel on a installé un système d’échappement modifié afin de mieux l’entendre chanter.

Finalement, afin de maintenir son prix de vente le plus bas possible (33 795 $ au Canada avant transport et préparation), la Passat GT n’offre ni options supplémentaires, ni technologies d’aide à la conduite avancée. Autrement dit, c’est une berline conçue spécialement pour les puristes!

Alors, on a affaire à une vraie GT?
Plus ou moins. En fait, le problème avec la Volkswagen Passat GT, c’est qu’elle est basée sur… une Passat, une berline qui, de prime abord, n’a pas de véritables prétentions sportives. Le résultat final est une bagnole qui accélère rapidement, mais dont le train avant semble constamment manquer d’adhérence en raison de l’absence d’un différentiel à glissement limité. Et bien que sa suspension ait été modifiée, la Passat GT demeure molasse, son châssis n’encourage pas la conduite dynamique et sa direction électronique est sans vie. Bref, on est loin d’une vraie Allemande...

Mais il y a néanmoins du positif. Le moteur VR6, avec l’ajout du système d’échappement plus performant, octroie une sonorité distinguée à une berline qui fait face à des rivales alimentées de moteurs turbo. C’est un moteur doux, qui répond promptement dès que l’on appuie sur l’accélérateur et qui permet à cette Passat GT d’accomplir le sprint 0-100 km/h en 5,8 secondes, un temps plus qu’acceptable pour une voiture de cette gamme de prix.

La boîte automatique DSG permet de choisir le mode Sport afin de maintenir un régime plus élevé ou le mode manuel afin de faire révolutionner ce bijou de moteur à notre guise. C’est une boîte qui rétrograde presque instantanément et qui enfile les rapports en douceur. Il s’agit de loin d’un des systèmes à double embrayage les mieux réussis de l’industrie et qui confère à la Passat GT un vent de sportivité apprécié.

Pas le temps de niaiser
On apprécie également le manque d’équipement superflu. La Volkswagen Passat GT ne comprend ni un régulateur de vitesse adaptatif ni un système de freinage d’urgence. Il n’y a pas de système d’arrêt/démarrage pour économiser de l’essence et, même si le toit noirci laisse croire qu’il est panoramique, la Passat GT est en réalité équipée d’un toit ouvrant conventionnel.

On met vraiment l’accent sur la sportivité, sans pour autant donner l’impression de manquer de quoi que ce soit. L’important y est, comme un détecteur d’angle mort, un système audio Fender -d’une sonorité exquise et un habitacle fonctionnel revêtu de fausse fibre de carbone, de noir lustré et de jauges à illumination rouge.

Sur le plan du divertissement, c’est pareil : on a laissé les choses relativement simples. La Passat GT n’incorpore pas le dernier système presque entièrement tactile des récentes Golf et Jetta, mais plutôt le système d’ancienne génération. Au moins, Android Auto et Apple CarPlay sont de la partie.

Alors voilà, si vous vous attendiez à une berline allemande sportive comme les bonnes vieilles Passat VR6 d’autrefois, vous risquez d’être déçu, car il en manque encore un peu pour permettre à la Volkswagen Passat GT 2018 de réellement briller. Voyez-la plutôt comme une berline intermédiaire rare et distinguée, alimentée par un moteur V6 et vendue à un prix plus abordable que ses rivales. Et qui sait, avec l’arrivée de l’électrification, elle risque, comme la plupart des éditions spéciales qui l’ont précédée, de devenir une véritable pièce de collection!