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Vol de l'identité d'un journaliste

le vendredi 19 mars 2021
Modifié à 11 h 08 min le 19 mars 2021
Par Hélène Gingras

hgingras@gravitemedia.com

Le journaliste Michel Thibault, du Soleil de Châteauguay, a été victime du vol de son identité, le 16 mars. Une personne s’est fait passer pour lui auprès d’un organisme qui tenait une réunion virtuelle. Une plainte a été logée à la police. «C'est inacceptable d'usurper l'identité d'une personne. C'est aussi très troublant de constater que les réunions virtuelles ouvrent la porte à des imposteurs», a-t-il confié. «Il faudrait mettre en place des mécanismes pour s’assurer que les personnes participant à une assemblée publique sont bien celles qu’elles prétendent être. En s’affichant en vidéo au moins au début, par exemple. En personne, les journalistes travaillent à visage découvert. On a même une carte de presse pour confirmer notre statut. Je ne vois pas de problème à ce qu’on montre notre visage à un rendez-vous virtuel d’un organisme public», a commenté le journaliste. M. Thibault a porté plainte auprès du Service de police de Châteauguay. C’est la première fois que quelqu’un se fait passer pour lui en 28 ans de carrière, à sa connaissance. C’est aussi une première pour le Centre de services scolaire des Grandes-Seigneuries (CSSDGS), l’organisme qui tenait une réunion virtuelle du conseil d’administration, ce soir-là. La porte-parole Hélène Dumais s’est aussi dite ébranlée par cette affaire. L’organisme compte resserrer ses règles d’inscription aux conseils d’administration. Pour sa part, la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ), de la section Montérégie, a qualifié de geste d’«immoral et non éthique».
«Ce geste d’une personne isolée peut avoir des conséquences, en plus de nuire à la crédibilité du journaliste et du média qu’il représente.» -Stéphanie Mac Farlane, présidente de la FPJQ-Montérégie et journaliste au Canada Français
Contexte Pandémie oblige, le c.a. s’est tenu sur la plateforme TEAMS. Comme en présentiel, le public est bienvenu à y participer. Il doit toutefois le faire savoir à l’avance pour qu’on lui octroie le lien de la réunion. C’est ainsi que quelques heures avant, une personne a envoyé un courriel au CSSDGS en se faisant passer pour Michel Thibault, tant dans sa signature que dans son adresse personnelle gmail. Il avait signifié qu’il n’allait pas ouvrir sa caméra, alléguant le droit à la confidentialité. Pendant la rencontre, cette personne a posé trois questions par écrit au conseil d’administration, évitant ainsi qu’on entende sa voix. Mme Dumais, qui assistait à la réunion, a alors eu la puce à l’oreille. «M. Thibault est toujours très professionnel et très courtois, et le ton des questions écrites ne lui ressemblait pas», a-t-elle raconté. Mme Dumais a découvert le pot aux roses en écrivant pendant la réunion à l’adresse courriel professionnelle du journaliste du Soleil de Châteauguay. Ce dernier lui a alors répondu qu’il n’avait pas demandé à assister à la rencontre. Le CSSDGS a voulu porter plainte à son tour à la police, mais on lui a fait savoir que c’est à la victime de le faire. Le CSSDGS a néanmoins envoyé une mise en demeure par courriel à la fausse adresse de Michel Thibault. Cet envoi a rebondi, l’adresse n’étant plus fonctionnelle. Plutôt facile de retracer l’auteur, selon une spécialiste Selon Arianne Laberge, enquêteuse informatique pour la compagnie d’investigation Sirco, il est généralement assez facile pour son entreprise de retracer les auteurs de courriels frauduleux ou de ceux qui tiennent des messages haineux ou diffamatoires sur les réseaux sociaux. Il faut cependant que le plaignant veuille débourser pour ce service. «Ça se fait en deux ou trois étapes, explique-t-elle. On demande à un avocat de déposer une injonction auprès du fournisseur de l’adresse de messagerie (ex: gmail) et auprès du fournisseur d’internet (ex: Bell)», explique-t-elle. Mme Laberge ajoute que Sirco est de plus en plus sollicitée pour régler ce genre de dossier. Des municipalités recourent à leurs services, comme la Ville de Mercier qui voulait connaître les auteurs derrière une page Facebook qui dénigrait les élus et des employés.