Les vignerons de la région craignent le froid

Les températures froides ont de quoi inquiéter les producteurs de vins locaux. Après un printemps hâtif et chaud, le plongeon du mercure pourrait endommager les bourgeons qui étaient en plein réveil.  Au début du mois, le mercure a oscillé autour du 20 °C. Ce qui a eu pour effet d'activer les vignes. Les producteurs se retrouvent deux semaines en avance par rapport à la normale. Benoît Pilon du Bourg Les Cèdres explique que les bourgeons sont «dans le coton». Ils ne sont plus en dormances et ont ainsi perdu de la rusticité. Ce qui engendre une fragilité au froid. Aujourd'hui [21 avril], le mercure doit se situer autour de 0 °C. Certaines prévisions indiquent qu'il pourrait descendre a un ressenti de - 8 °C à Coteau-du-Lac cette nuit. «Tant que la température reste vers 0 °C ou -1 °C, on devrait être correct, prévient-il. Mais si ça tombe vers -4 °C ou -5 °C, ça pourrait faire mourir le bourgeon. On perdrait alors la récolte. » Via sa page Facebook, le Vignoble de Pomone a parlé d'une nuit blanche au programme. «Un beau printemps mais les prochaines 28 heures seront très stressantes pour nous. Nous vivons la même chose que nos collègues en Estrie. » Des pertes envisagées Le vignoble de Coteau-du-Lac a aussi informé que toute l’équipe était prête à braver les températures qui risquent de faire geler les bourgeons. Des dispositifs pour allumer des feux ont été installés. «Il ne reste qu’à décider quand on les allume et si on peut les allumer. La neige et la pluie peuvent nuire a cette opération. » L'an dernier, la Ferme Hubert Sauvé avait utilisé cette technique pour protéger ses plants de fraises. Le Vignoble de Pomone a aussi investi dans des tours antigels. Cependant, elles ne fonctionnent pas sous la neige, la pluie ou le vent. Les producteurs ont peu d'options pour faire face aux affres de Dame Nature. Outre des feux,  pour générer un effet de convection, des éoliennes et même des hélicoptères permettent de repousser la chaleur au sol. Le Vignoble de Pomone craint de perdre 50 % de sa récolte de raisin si les bourgeons gèlent. La perte de la moitié de production de vin représenterait un impact financier important pour l'entreprise. Situation rare Les températures autour du point de congélation étaient prévues. Si bien que M. Pilon n'est pas pris au dépourvu par la situation. Le stress l'a cependant gagné. «Mais en même temps, on ne peut rien faire, dit-il. C'est la première fois qu'on fait face à un tel gel dans l'histoire du vignoble. C'est problématique. Mais je pense qu'on devrait s'en sortir. » La position géographique du Bourg Les Cèdres, à proximité du fleuve Saint-Laurent, permet de ressentir un courant marin qui génère de la chaleur au niveau du sol.