VIDÉO - Une communauté unie pour qu’il n’y en ait pas « une de plus »

Maryse Filion (quatrième à partir de la gauche), survivante de la violence conjugale, est l’instigatrice d’un démarche de soutien communautaire innovatrice dans la région. Elle fait partie du comité de coordination en compagnie de Véronique Paquette, Karine Deschambault, Pierre-Olivier Gagnon et Andréane Gélineau. (Photo Journal Saint-François - E.T.)
Une femme sur trois a déjà subi une forme de violence dans sa vie. Afin d’inverser la tendance, la Table de concertation sur la violence conjugale et sexuelle de Beauharnois-Salaberry lance deux initiatives. L’une d’elles s’inspire de Parents-Secours et vient de l’idée de la survivante Maryse Filion.
En 2014, Maryse Filion a échappé à un féminicide à Rivière-Beaudette. Pendant sept ans, elle a travaillé sur sa reconstruction. Au printemps dernier, elle a décidé d’élargir ses actions.
« J’ai relevé la tête pour observer et être empathique aux autres, a-t-elle indiqué. Parce que des féminicides, il y en avait beaucoup. De la violence aussi. Ça existe à tous les âges et tous les niveaux. Pour moi, c’était ma deuxième mission d’être restée en vie cette journée-là; d’aider les autres et de trouver comment aider. »
C’est à ce moment que le hasard l’a remise sur la route de Pierre-Olivier Gagnon. En 2016, il représentait la Couronne dans le procès qui a envoyé son agresseur en prison pour 15 ans. Désormais procureur en chef au Directeur des poursuites criminelles et pénales, il appelait pour prendre de ses nouvelles. « Maryse est une preuve vivante de résilience et de détermination », assure-t-il.
Au fil de la discussion, Mme Filion lui a parlé d’un projet, calqué sur Parents-Secours mais pour contrer la violence conjugale. Avec la Table de concertation sur la violence conjugale et sexuelle de Beauharnois-Salaberry, l’idée de mettre sur pied Voisins-Secours est développée. Il s’agit d’un mouvement citoyen par lequel il est possible d’afficher son soutien. Bien visible par un autocollant appliqué sur la résidence.
« On a tous besoin de sécurité, laisse entendre Mme Filion. Quand on la perd, on perd tous nos repères. C’est un petit geste pour créer un filet de sécurité. Pierre-Olivier Gagnon a été mon procureur, mon défendeur. Il m’a appris que je n’étais pas seule. »
Travailler en amont
Ce projet est complété par un volet à plus grande échelle, Commerces-Secours. Les victimes de violence conjugale trouveront des endroits neutres et sécuritaires pour entreprendre des démarches auprès des ressources.
«Les personnes peuvent s’y présenter pour contacter les ressources d’aide dans un environnement rassurant, explique Karine Deschambault, responsable à la sensibilisation, représentation et l’intervention externe de L’Accueil pour Elle. Les superviseurs ont reçu une formation et il y aura toujours quelqu’un sur le plancher pour gérer la situation. Il arrive des moments, en matière de violence conjugale, où les gens sont prêts. Les gens prendront leur décision à ce moment. »
Dominic Choinière du Canadian Tire de Valleyfield a accepté de joindre l’initiative. La réaction positive a été unanime au sein de son équipe. Et l’adhésion a aussi suscité de beaux échanges sur le sujet parmi ses employés.
Frédéric Vincent, du IGA extra Famille Vincent, a expliqué qu’il arrivait parfois qu’il fallait intervenir pour désamorcer des situations dans son magasin. La formation offerte vient contribuer à l’efficacité et la sensibilisation de ses employés. Si bien qu’il était tout naturel pour son équipe de participer.
Les municipalités de Saint-Louis-de-Gonzague, Saint-Stanislas-de-Kostka, Beauharnois et Valleyfield feront aussi partie des premiers partenaires de l’initiative, avec l’objectif de contrer un véritable fléau.
La situation est telle qu’une équipe de procureurs spécialisés en violence conjugale et sexuelle a été formée au palais de justice de Valleyfield. On y traite plus de 1000 dossiers annuellement. Véronique Paquette, intervenante psychosociojudiciaire au CAVAC de la Montérégie – Valleyfield, explique que la grosse majorité des dossiers qui arrivent sur son bureau sont judiciarisés.
« Avec la pandémie, la violence est comme dans un presto, ajoute Mme Deschambault. Elle s’est exacerbée. La maison d’hébergement affiche complet. On refuse encore beaucoup trop de femmes. Plus de 100 par année. »
Le projet vise à prendre la situation en amont le phénomène. Pour éviter que la route prenne celle de la police et du palais de justice.
En parler, c’est dénoncer juge le comité de coordination.
Les commerces intéressés à joindre Commerces-Secours doivent contacter Andréane Gélineau, organisatrice communautaire au CLSC de Valleyfield pour le CISSS de la Montérégie-Ouest, par courriel à andreane.gelineau.cisssmo16@ssss.gouv.qc.ca.