Actualités
communaute

Une vie entière consacrée aux arts martiaux

le mercredi 15 janvier 2020
Modifié à 12 h 17 min le 15 janvier 2020
Par Denis Bourbonnais

dbourbonnais@gravitemedia.com

LONGÉVITÉ.  A Salaberry-de-Valleyfield, les arts martiaux sont intimement liés à un nom : Yvon Plante. Ce pionnier du style «Shotokan» dans l’Est canadien enseigne le karaté en sol campivallensien depuis plus d’un demi-siècle et ce n’est pas l’âge qui va l’empêcher de continuer à transmettre sa passion aux autres. L’homme exceptionnel de 84 ans a fait du karaté un mode de vie et 67 ans après avoir donné ses premiers cours à l’adolescence, dans la ville de Saint-Georges-de-Beauce, Sensei Yvon Plante poursuit sa mission. Les temps changent et les adeptes sont moins nombreux, mais le doyen reste droit comme un chêne devant ses élèves dans la salle de la Filiale 62 de la Légion royale canadienne, rue Victoria. Natif de Saint-Honoré-de-Shenley en Beauce, Yvon Plante s’est amené à Salaberry-de-Valleyfield dans les années ’60 et à l’instar de nombreuses familles, l’usine de la «Montreal Cotton» s’est révélé le point d’attrait. «Mon père, Léon Plante, travaillait dur et il m’a inculqué une discipline de vie. Mon engouement pour le karaté provient de l’héritage familial», affirme l’octogénaire. Lui-même un ouvrier à la centrale électrique de Carillon, M. Plante a pratiqué le karaté à plusieurs destinations dont le Japon. Pendant que le judo était la discipline de prédilection dans la région de Montréal, le Campivallensien d’adoption a donné un élan sans précédent au style «Shotokan» sur sa terre d’accueil. Dans la période faste qui a commencé vers les années 1966-67, Yvon Plante s’est consacré à un enseignement rigoureux du karaté devant des salles bondées au sous-sol de la basilique-cathédrale Sainte-Cécile et de l’église Sacré-Cœur. «Il pouvait y avoir 3 cours par soir à raison de 80 à 90 élèves par session», relate celui qui a également mis sur pied des écoles de karaté à Huntingdon, Châteauguay et Hawkesbury (Ontario). Estimant avoir enseigné à plus de 35 000 karatékas au fil des années, M. Plante constate que la relève est difficile à convaincre. «Avec l’avènement de l’Internet, les jeunes restent à la maison. J’ai encore beaucoup (d’élèves) de 50 à 55 ans mais les blessures et l’âge deviennent des facteurs défavorables», de signifier le maître, une ceinture noire 7e Dan, le plus haut niveau en «Shotokan». Alors que le nombre d’adeptes a chuté de plus de la moitié, Yvon Plante maintient la cadence. Retraité de son métier depuis 28 ans, il espère ne jamais prendre sa retraite du karaté. «J’ai une croyance et la partie divine n’a rien à voir avec la religion. Demeurer jeune, c’est un état d’être. J’ai un bon bout de fait mais je ne vois pas pourquoi je ne pourrais pas vivre jusqu’à l’âge de 100 ans», dit-il. Athlète, enseignant, formateur, évaluateur, directeur technique au Québec… Yvon Plante a été engagé dans toutes les facettes des arts martiaux. «C’est mon gagne-pain depuis 63 ans. Le karaté m’a sauvé la vie à quelques reprises dans les moments plus difficiles. Le plus important, c’est de suivre l’évolution. On ne fait pas du karaté pour casser des gueules mais avec la notion du respect de nos semblables», conclut le patriarche. [caption id="attachment_76868" align="alignnone" width="444"] Yvon Plante enseigne le karaté dans le respect et non pour «casser des gueules». (Photo: Pierre Langevin)[/caption]