The Gleaner

Un travail risqué

le jeudi 30 avril 2015
Modifié à 0 h 00 min le 30 avril 2015

De nos jours, le travail d’un élu ou d’un employé municipal dans une localité comporte son lot de responsabilités, d’avantages mais aussi de …risques. Parlez-en à l’inspecteur municipal de Huntingdon qui s’est retrouvé bien malgré lui au cœur d’un incident alors qu’il a été la victime d’une agression physique dans l’exercice de ses fonctions le 27 mai en après-midi.

Il serait bien inutile ici de se lancer dans une analyse à fond de cette histoire bien précise, afin de l’étudier sous tous ses angles. Mais un tel événement vient rappeler à chacun d’entre nous qu’occuper un emploi dans le milieu municipal au Québec n’est plus de tout repos, comporte son lot d’aléas.

C’est rendu que dans des localités, les directeurs généraux et secrétaires-trésoriers, les inspecteurs municipaux, les secrétaires administratifs, les greffiers et même les employés des travaux publics ne peuvent même plus être en sécurité là où ils travaillent. Ils craignent désormais que tôt ou tard, un individu fasse irruption à leurs postes de travail et s’en prenne physiquement ou verbalement à eux. Ils ne savent jamais ce qui peut leur arriver.

Et les élus municipaux, eux? Ils ne sont pas en reste. Il arrive que dans certaines municipalités, des maires ou des échevins se font harceler. Ils peuvent recevoir des lettres ou des appels téléphoniques de menaces, chez eux ou à leurs lieux de travail. Il y en même a qui vont, sous le coup de la colère, aller jusqu’à attaquer physiquement celui qui a été démocratiquement élu ou qui va exercer des tâches de première ligne dans une municipalité. Des exemples, il y en a.

La fin tragique de la directrice générale et secrétaire-trésorier de Saint-Rémi-de-Tingwick,  Renée Vaudreuil, survenu en janvier 2008, la sordide agression au couteau dont le directeur général de la Ville de Verchères et son adjoint ont été victimes en janvier 2012 et même les actes d’intimidation dont le maire de Huntingdon, Stéphane Gendron, a été la cible ces dernières années viennent douloureusement nous rappeler que les cadres municipaux ne sont jamais à l’abri d’incidents qui peuvent avoir des conséquences dramatiques.

Ce n’est certes pas pour rien que dans certaines municipalités, comme Huntingdon, des systèmes de sécurité ont été déployés autour des hôtels-de-ville. Depuis maintenant quelques années, toutes les assemblées du conseil municipal de Huntingdon se déroulent en présence d'un gardien de sécurité.

Ce n’est pas en usant d’actes de violence qu’un individu peut en arriver à régler une situation personnelle avec un élu, un employé ou un cadre municipal. Le recours aux «gros bras» pour un citoyen ne fera qu’envenimer les choses, créer des liens encore plus tendues entre lui et le représentant municipal à qui il a affaire.

Il peut arriver qu’un citoyen soit furieux d’une décision prise par les élus municipaux de sa localité ou d’un service offert par la municipalité. Mais poussera-t-il son mécontentement jusqu’à aller faire un mauvais parti au maire ou à un échevin, au directeur général ou secrétaire-trésorier ou au greffier? Au Québec, il y a des cas qui parlent d’eux-mêmes.

Si de tels principes visent principalement les citoyens, elles peuvent tout aussi bien être s’appliquer aux personnes qui occupent des fonctions officielles dans une municipalité. Un maire, un échevin, un cadre ou un employé n’a pas plus le droit de se servir de la manière forte pour parvenir à calmer les ardeurs d’un résidant frustré. Eux aussi doivent avant tout penser à recourir d’abord au dialogue pour tenter de résoudre des litiges les opposant à des contribuables insatisfaits. Et si aucune issue n’est possible dans un cas ou dans l’autre, il reste les tribunaux.

Ni les coups de poings «sur la gueule»  ni les paroles menaçantes et blessantes n’ont leur place dans les rapports entre les autorités municipales et les citoyens. En 2013, l’époque des règlements de comptes à coups de «œil pour œil, dent pour dent» est supposée être révolue mais à voir encore les comportements de citoyens dans certaines municipalités, il y a lieu de penser qu’elle est encore bien présente dans leurs esprits.