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«Un tel drame était impensable» - Eric André, neveu de la victime

le mercredi 21 septembre 2016
Modifié à 0 h 00 min le 21 septembre 2016
Par Denis Bourbonnais

dbourbonnais@gravitemedia.com

Une famille engagée dans la production agricole depuis 1830 est en deuil à la suite d'un malheureux incident qui a coûté la vie à Henri André, 74 ans, sur les lieux de la ferme laitière située sur le chemin Élie-Auclair à Saint-Polycarpe.

Le dimanche 4 septembre, le septuagénaire s'est pointé chez son frère, Adrien André, afin de lui donner un coup de main pour la manutention de luzerne cultivée et hachée dans l'un des trois silos de l'entreprise familiale qui possède un cheptel de 140 vaches. Le retraité de la construction s'offrait bénévolement depuis quelques années pour apporter son aide afin d'assouvir son amour pour la terre.

Après avoir monté au sommet du silo et vérifié s'il était plein, M. André a pris place dans le panier extérieur. Pendant les quelque 5 minutes passées dans les hauteurs, il aurait alors respiré des vapeurs de dioxyde d'azote qui se dégagent de la luzerne servant à alimenter les vaches. En temps normal, ces émanations n'ont aucun effet sur la santé des humains même si l'on peut flairer une odeur similaire à celle sentie lors d'une coupe de gazon.

Une fois descendu, M. André s'est arrêté pour voir les animaux de la ferme, il a mangé légèrement sur le bureau de l'étable en compagnie de son neveu Eric, et il a quitté vers son domicile de la municipalité des Coteaux pour aller se reposer. Peu après son arrivée à la maison, Henri André a éprouvé des malaises et il a ressenti le besoin d'appeler les ambulanciers.

Son état s'est détérioré à l'Hôpital du Suroît et M. André a été plongé dans un coma. Une semaine plus tard, le 11 septembre, le 8e membre d'une famille de 12 enfants s'est éteint paisiblement, entouré de ses proches.

Pour Adrien André et son fils, Eric, cette triste histoire est tout aussi incompréhensible qu'inattendue. «Un tel drame était impensable. Monter dans le silo, j'ai toujours fait ça quand j'étais petit gars», se désole Eric André, agriculteur de 6e génération. «C'est du jamais vu pour les gens du milieu agricole. A l'UPA, on n'en revient pas. Ça aurait pu aussi bien m'arriver», constate le neveu de la victime. «Nous avons près de 50 ans d'expérience dans le domaine», d'ajouter son père Adrien.

Le producteur laitier s'interroge sur les causes du décès de son frère, d'autant plus que la luzerne était fraîchement ensilée lors du remplissage et que la ventilation était suffisante. «S'il y a danger (concernant les émanations d'azote) ce serait entre le 3e et le 21e jour mais à notre connaissance, aucun incident de la sorte ne s'est produit auparavant», mentionne-t-il.

C'est de l'inconnu pour la famille André et le fils Eric émet la possibilité que le réchauffement planétaire puisse être responsable d'une toxicité plus élevée du dioxyde d'azote. «C'est peut-être attribuable aux grandes chaleurs et à la sécheresse. Les plantes auraient-ils subi un stress?», se demande le producteur âgé de 40 ans.

Eric André s'est muni d'un détecteur de gaz depuis les tristes événements et il veut inciter les autres producteurs agricoles à l'imiter afin de prévenir d'autres malheurs de la sorte sur les fermes du Québec. Des enquêteurs de la Commission des normes, de l'équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) se sont présentés sur place afin d'établir les circonstances entourant l'accident.