Faits divers

Un présumé criminel de guerre nazi meurt à Ormstown

le mercredi 03 juin 2015
Modifié à 0 h 00 min le 03 juin 2015
Par Denis Bourbonnais

dbourbonnais@gravitemedia.com

Un apiculteur d’Ormstown soupçonné d’avoir perpétré des crimes de guerre durant le second conflit mondial est décédé le vendredi 22 mai dernier.

Vladimir Katriuk, qui était âgé de 93 ans, figurait sur la liste des fugitifs nazis les plus recherchés sur la planète. La Russie et plus tard des organisations juives ont exigé son extradition en insinuant qu’il avait participé en 1943 à un massacre dans un village de l’ancienne république soviétique de la Biélorussie.

Lors d’entrevues accordées à des réseaux de télévision au cours des dernières années, l’ex-militaire d’origine ukrainienne a refusé maintes fois de discuter des allégations graves dont il faisait l’objet. Passionné d’apiculture, Vladimir Katriuk spécifiait aux journalistes venus l’interroger qu’il voulait parler d’abeille et pas autre chose.

Au début de l’année 2015, le Centre Simon-Wiesenthal a placé le nonagénaire au 2e rang sur sa liste des principaux suspects de crimes de guerre à être traqués sur la planète. Selon une étude dirigée par l’historien Per Anders Rudling de l’Université Lund en Suède, il y a trois ans, un témoin a déclaré que «Katriuk avait participé de façon très active aux atrocités commises alors qu’il était membre d’un bataillon ukranien de la Waffen SS.

Avant l’annonce de sa mort, la semaine dernière, le Centre consultatif des relations juives et israéliennes, une organisation établie à Ottawa, avait demandé au gouvernement canadien de rouvrir son dossier afin qu’il soit traduit en justice. En 2007, le gouvernement conservateur du premier ministre Steven Harper avait décidé de ne pas révoquer la citoyenneté canadienne acquise par le principal concerné dans les années ’50. En 1999, la Cour fédérale du Canada avait jugé que Vladimir Katriuk avait menti pour obtenir la nationalité canadienne en camouflant sa collaboration passée avec le régime nazi, mais n’avait trouvé aucune preuve contre lui.

L’avocat du disparu, Orest Dudzik a déclaré au quotidien torontois «The Globe and Mail» à la suite de son décès : «M. Katriuk est mort après des années de harcèlement immérité, y compris de la part des médias. Je suis heureux qu’il repose en paix. Il était malade depuis longtemps.»

L’ancien militaire soutenait qu’il avait été contraint de s’enrôler dans un bataillon ukrainien responsable de crimes commis à l’endroit des juifs ainsi que d’autres civils de Biélorussie et d’Ukraine. Vladimir Katriuk avait fait valoir devant le tribunal que son rôle s’était limité à protéger des villageois et du bétail contre les attaques de résistants. Il avait certifié avoir déserté son bataillon lors de son déploiement en France en 1944. Vladimir Katriuk avait séjourné en sol français après la guerre et il avait immigré au Canada en 1951.