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Travailleurs de première ligne

le mercredi 17 juin 2015
Modifié à 0 h 00 min le 17 juin 2015
Par Steve Sauvé

ssauve@gravitemedia.com

Ugo Leboeuf et Khrystel Chenail, propriétaires de l’entreprise KC Nettoyage, située à Les Coteaux, en connaissent beaucoup sur l’insalubrité morbide. D’ailleurs lorsqu’ils abordent le sujet, ils ne mettent pas de gants blancs.

Aussi bien l’un que l’autre, les deux spécialistes en nettoyage insistent sur le fait qu’il n’y a pas de portrait type de la clientèle qu’ils desservent. «Nous voyons de jeunes adultes, des personnes âgées et même des professionnels très bien établis.  Toutefois, une caractéristique unit ces personnes : l’isolement. Ils se coupent volontairement des gens», soulignent les deux propriétaires.

Certaines personnes sont incapables de jeter ou encore accumulent pendant des années des objets inutiles. Alors que cette tendance reste contrôlable chez la majorité des individus, il arrive que se développe au fur et à mesure un réel trouble pathologique que l’on appelle le syndrome de Diogène. Ces personnes vivent alors dans un désordre tel que toute leur vie s’en trouve modifiée.

«N’importe qui peut en souffrir, indépendamment de l’âge ou du genre. Lorsque les sujets sont jeunes, le trouble est souvent accompagné d’une maladie psychiatrique, comme la schizophrénie. Ce trouble peut toucher aussi les personnes âgées qui viennent de vivre un deuil. Chez presque tout le monde, le syndrome apparaît après un choc émotionnel important», fait savoir M. Leboeuf.

Lorsqu’ils sont appelés pour nettoyer l’appartement d’une personne en détresse, il arrive que Khrystel Chenail et Ugo Leboeuf doivent jouer au psychologue. «J’en ai vu de toutes sortes. C’est triste. Les gens à qui nous venons en aide savent habituellement qu’ils ont un problème. Lorsque nous sommes dans l’appartement d’une personne âgée, je me dis toujours que nous ne pouvons pas jeter les souvenirs de toute une vie», image Mme Chenail.

Ugo Leboeuf explique qu’il lui arrive de s’asseoir avec la personne en détresse avant d’entreprendre la décontamination. «J’essaie de demander à la personne si elle souhaite garder certains meubles ou des choses personnelles. Toutefois, lorsque j’interviens, je suis franc. J’ai déjà dit à un homme qu’il ne pouvait pas garder 200 barres de savon, que je devais en jeter, qu’elles auraient le temps de moisir avant qu’il s’en serve», raconte-t-il.

Les spécialistes du nettoyage assurent faire parfois des découvertes qui les laissent sans mots. «L’année dernière, j’ai trouvé des conserves dont la date de péremption était de 1980. Nous jetons parfois des objets qui n’existaient même plus lorsque nous sommes nés. Il n’y a pas longtemps, nous avons nettoyé l’appartement d’une dame de 97 ans. Les calendriers dataient de 50 ans mais ils étaient encore au mur. Il ne faut pas essayer de comprendre, il faut simplement aider ces personnes», conclut Ugo Leboeuf. 

Symptômes typiques du syndrome de Diogène

-Négligence de l’hygiène corporelle

-Négligence de l’hygiène du lieu de vie

-Accumulation maladive d’objets inutiles (revues, bibelots, boites, sacs en plastique, vêtements, etc.) : les objets envahissent toute la maison, bloquant les issues, envahissant le plancher

-Accumulation compulsive de détritus et même d’excréments dans certains cas (les leurs ou ceux de leurs animaux domestiques)

-Isolement social, refus de recevoir des gens chez eux

-Déni de réalité : les personnes ne se rendent pas compte de l’environnement dans lequel ils vivent et trouvent que tout est normal.

-Refus qu’on les aide à ranger et à se débarrasser d’objets