Sports

Steve Bégin, une histoire de ténacité

le samedi 14 décembre 2019
Modifié à 7 h 39 min le 11 décembre 2019
Par Mario Pitre

mpitre@gravitemedia.com

Steve Bégin le dit lui-même: «Je n’étais pas un Wayne Gretzky, Mario Lemieux, Jean Béliveau… Au hockey, je n’ai rien cassé». Steve Bégin a marqué la Ligue nationale de hockey (LNH) autrement. Sa ténacité, son courage et son leadership en ont marqué plus d’un. Ce sont d’ailleurs ces trois mots qui se retrouvent en page couverture de son premier livre, écrit par le journaliste sportif Luc Gélinas et publié par les Éditions Hurtubise. Steve Bégin est né dans un quartier pauvre de Trois-Rivières. Enfant, il est élevé par son père, Gilles, qui était alcoolique à l’époque. La première fois qu’il chausse des patins, il se met à rêver d’un jour évoluer dans la meilleure ligue du monde, la LNH. Il n’a jamais dévié de cet ultime objectif, allant jusqu’à quitter l’école pour se concentrer sur ce but. Il y est parvenu, non sans embuches. «Je ne veux pas qu’on appelle ça une biographie, j’aime mieux dire un récit de vie», prévient d’entrée de jeu le Candiacois en entrevue au Reflet. Grâce à la plume de Luc Gélinas, l’ex-hockeyeur raconte en détails les étapes qui l’ont mené à jouer 524 matchs dans la LNH, dont 266 avec les Canadiens de Montréal. «Je voulais que ce soit plus un livre de motivation, de persévérance, dit-il. Tu as un rêve dans la vie? C’est possible pour tout le monde quand tu mets le temps et l’énergie pour y arriver.»

Un cœur immense

Chaque chapitre du livre débute par une analyse du docteur en psychologie du sport Sylvain Guimond. Puis, en fin de chapitre, des gens qui ont côtoyé Steve au cours de sa carrière s’expriment également sur la personne ou le joueur qu’il était. «Pour jouer dans la LNH, ça prend au moins un talent dominant qui te démarque des autres. Pour moi, le plus grand talent de Steve, c’est son cœur», écrit entre autres l’ex-hockeyeur Denis Gauthier. «C’est sûr que j’étais content de lire ça, mentionne le principal intéressé. Denis l’a bien dit. Je pense que j’ai été reconnu pour ça, parce que j’avais du cœur. Je ne lâchais jamais, peu importe le score.» Une preuve parmi tant d’autres de cette hargne qui le caractérise: il lui est arrivé de se faire casser le nez sur la patinoire et de demander au thérapeute de le lui replacer afin qu’il puisse revenir au jeu le soir même. C’était ça, Steve Bégin. Il n’y avait pas de pause; il aurait fait «n’importe quoi» pour atteindre son rêve. «Un moment donnée quand je jouais junior, j’étais chez ma blonde qui est ma femme aujourd’hui, et je me suis réveillé en pleine nuit en disant “le coach a toujours raison, le coach a toujours raison”, raconte-t-il. Si le coach me disait quelque chose, je le faisais.»

Pas de regrets

Jusqu’à sa retraite, Steve Bégin consacrait 12 mois par année au hockey. «Pour moi, c’était normal, c’était ça, explique-t-il. J’adorais ce que je faisais. La jeunesse que j’ai eue, je ne me suis jamais plaint de ça. C’était ce que je voulais. Encore aujourd’hui, je regarde derrière, et je sais que je suis la personne que je suis à cause de la manière dont j’ai été élevé. C’est comme ça que j’ai réussi à atteindre les rêves que je m’étais fixés.» «Jamais je ne changerais rien, poursuit-il. Tu me remettrais dans le passé, tu me donnerais le choix d’avoir une famille riche à craquer ou d’avoir ce que j’avais, je vais prendre ce que j’avais. J’ai zéro, zéro regret.»

Questions-Réponses

De quoi êtes-vous le plus fier, que ce soit dans votre vie ou dans votre carrière ? «Ma dernière saison, quand j’ai fait mon retour en 2012-2013, je suis vraiment fier et entièrement satisfait. Après presque deux ans d’inactivité, j’ai réussi à percer l’alignement dans la Ligue nationale, connaître une assez bonne saison. J’étais content. Pour moi, c’était mission accomplie C’est l’année que j’ai adorée le plus.» Quel a été votre plus beau moment en carrière? «J’ai eu plein de beaux moments. Quand j’ai gagné la Coupe Calder, que j’ai été nommé MVP, ou quand je jouais à Montréal et que ça criait mon nom. Il n’y a pas de mots pour décrire ça. Le feeling était incroyable. J’étais un joueur de quatrième ligne. Souvent, les gens me disent que j’ai été le joueur de quatrième ligne le plus aimé à Montréal. C’est l’fun, entendre ça!»