Chronique

Seul le Code criminel peut enrayer la violence

le mercredi 07 avril 2021
Modifié à 13 h 11 min le 16 avril 2021
Par Mario Pitre

mpitre@gravitemedia.com

On compte maintenant huit féminicides au Québec. Ce sont huit meurtres de trop. Il est plus que temps que le Code criminel donne aux juges le pouvoir d’émettre des peines et des conditions plus sévères dans les cas de violence conjugale, mais aussi pour tout individu violent. Les gouvernements fédéral et provincial, ainsi que les intervenants, répètent aux victimes de dénoncer. À mon avis, ce discours est devenu obsolète. Quand une femme dénonce un conjoint ou un ex-conjoint violent, c’est sur elle que la pression retombe, ou encore sur ses enfants. Il n’est pas normal que les dénonciations empirent souvent la situation pour les victimes. Le sénateur conservateur Pierre-Hugues Boisvenu a déposé, le 30 mars, un projet de loi au Sénat, qui comprend notamment l’obligation pour les hommes violents de porter un bracelet électronique de surveillance. Je doute malheureusement que le projet S-231 soit accepté pour des raisons politiques. Il offre néanmoins des pistes intéressantes. Le bracelet électronique peut être une solution pour que les individus violents subissent de vraies conséquences à leurs actes. Quand une femme porte plainte, ou même que la police fait un rapport, on invoque ce qu’on appelle le 810, soit l’ordonnance d’un juge à des conditions comme l’interdiction de posséder une arme ou d’approcher une personne qui craint pour sa sécurité. Cependant, bien souvent, c’est ignoré. Quand un individu fait face à un 810, il devrait être interdit à son avocat d’apporter des amendements pour adoucir les conditions qu’il doit respecter. Cela se produit souvent, et fréquemment, la femme qui a porté plainte n’est pas mise au courant. Les peines doivent être plus sévères également; la prison doit être une avenue utilisée davantage. Puis, les conditions d’un homme accusé ou reconnu coupable de violence doivent être plus strictes. Les hommes violents, ou les femmes violentes – qui existent aussi, soit dit en passant – ne se soucient pas des lois présentement. Si on veut vraiment changer les choses en termes de violence, les tribunaux doivent absolument intervenir. Même si la province investissait des centaines de millions de dollars dans des programmes de prévention, si le Code criminel ne change pas, ça ne mènera à rien. Je reconnais néanmoins que l’aide pour les victimes, ou même pour les agresseurs qui admettent avoir un problème, n’est pas suffisante. En 2021, on ne peut pas accepter que des femmes perdent la vie aux mains d’hommes violents. On ne peut pas accepter les horreurs qu’elles vivent. 10-4!