Opinion

Salut, Salut !

le mardi 05 avril 2016
Modifié à 0 h 00 min le 05 avril 2016
Par Mario Pitre

mpitre@gravitemedia.com

Les témoignages de tristesse et de sympathie se sont multipliés ces derniers jours, depuis le décès tragique du chroniqueur politique Jean Lapierre. Celui-ci a d'ailleurs eu l'occasion de s'arrêter à Salaberry-de-Valleyfield à quelques reprises.

Le premier souvenir que je conserve de lui est celui d'un homme facile d'approche et foncièrement sympathique. Paradoxalement, c'est à la sortie des funérailles du défunt député Serge Marcil, en février 2010 à la basilique-cathédrale de Valleyfield, que j'avais eu l'occasion de m'adresser à lui. Affable, il avait aussitôt accepté de répondre à mes questions. Tout comme M. Marcil, décédé lors du séisme de janvier 2010 en Haïti, Jean Lapierre était apprécié au sein de sa communauté et il a perdu la vie dans des circonstances tout aussi subites que tragiques.

Un mois plus tard, Jean Lapierre était revenu à Salaberry-de-Valleyfield lors d'une activité organisée au Collège, afin de parler d'éthique dans le financement des partis politiques. Déjà, avant même la tenue de la Commission Charbonneau et la mise sur pied de l'UPAC, il faisait valoir l'urgence d'améliorer la loi sur le financement politique. Du même coup, il disait ne plus croire au financement populaire des partis politiques, parlant «d'hypocrisie érigée en système» pour dénoncer les subterfuges utilisés pour financer les campagnes électorales, tant au provincial qu'au municipal.

C'est ce même franc-parler qui a fait de Lapierre un chroniqueur en qui la population avait confiance. Débarrassé de la ligne de parti qu'il devait suivre lorsqu'il était en politique, il était devenu le confesseur de nombreux politiciens et organisateurs politiques. Il savait avant tout expliquer d'un œil aguerri les dessous de la politique, en nous la ramenant comme une joute où les joueurs sont d'abord des humains, avec leurs qualités et leurs travers. Pour nous journalistes, qui suivions ses chroniques de l'extérieur, ses révélations s'avéraient souvent comme des leçons, du bonbon.

Les gens reconnaissaient en lui le gars du terroir, cet héritage qui lui provenait de ses racines madelinoises, là où finalement, il sera retourné pour son ultime départ. Certaines de ses expressions les plus savoureuses sont d'ailleurs répertoriées sur le site des «JeanLapierrisme», au http://jeanlapierrisme.tumblr.com/tagged/Lapierrisme.

Sa mort, tout comme celle de ses proches, laisse assurément un trou béant dans le paysage médiatique et politique québécois. Salut, salut M. Lapierre.