Chronique

Quand District 31 rejoint la réalité

le samedi 05 mars 2022
Modifié à 0 h 00 min le 05 mars 2022
Par Claude Poirier

redactiongm@gravitemedia.com

Claude Poirier (Photo gracieuseté)

Les amateurs de la série télévisée District 31 ont récemment suivi la saga d’une enquête policière rouverte à la suite d’un documentaire judiciaire. Dans cette affaire, des agents de la paix sont impliqués indirectement dans un meurtre, alors que des avocats ont été payés pour empêcher des témoins de prendre la parole. Le résultat: l’emprisonnement d’un homme innocent.

En regardant cela, je me suis dit que l’auteur Luc Dionne s’était inspiré de cas similaires qui se sont réellement produits. Personnellement, au cours de ma carrière, j’ai vu des histoires semblables. Je pense à des affaires judiciaires étouffées alors que des individus étaient traduits devant la justice et reconnus coupables. 

Au cours des dernières saisons, District 31 a également traité de policiers corrompus ou de dossiers où de la preuve avait été manipulée par des enquêteurs. Ce sont des choses qui arrivent vraiment. J’ai constaté une chose dans ma vie, c’est que lorsqu’un cas est grandement médiatisé et qu’on cherche un coupable, on n’écarte aucune méthode pour en trouver un.

Pas plus tard que la semaine dernière, dans l’actualité, on a parlé d’une entente, que je qualifie de secrète, conclue entre les avocats de Mamadi Fara Camara - l’homme qui a été arrêté de façon cavalière et emprisonné à tort pour une tentative de meurtre contre un policier en janvier 2021 - et la Ville de Montréal. L’homme poursuivait cette dernière au civil en raison du cauchemar qu’il a vécu.

Pourquoi une entente alors que la preuve était forte? La Ville ne voulait rien savoir de régler les choses. Étant donné qu’on craignait que certaines informations ne soient dévoilées, on arrive à dissimuler le tout au public. C’est malheureux, à mon avis.

Lorsqu’il arrive des affaires impliquant des policiers ou des procureurs de la Couronne, on veut toujours les étouffer. Je déplore qu’on ne connaisse jamais la vérité dans ces dossiers. Depuis des années, j’espère que ça change. Mais non, il ne faudrait pas que leur image soit ternie. Surtout qu’ils ont les moyens pour que cela ne se produise pas.

En fiction, comme dans District 31, le dénouement est souvent beaucoup plus satisfaisant que dans la réalité. Au moment d’écrire ces lignes, j’ignore si le personnage qui a croupi en prison durant de longues années sera libéré, mais tout pointe vers cette conclusion.

En terminant, j’ai ma petite idée sur la fin de cette série qui se termine cette année. Personnellement, je crois que le commandant Daniel Chiasson se fera un jour ou l’autre passer les menottes, justement en raison de ses techniques policières et de ses liens douteux.

10-4!

(Propos recueillis par Gravité Média)