Chronique

Projet Mâchurer : la feuille de route de l’UPAC de nouveau noircie

le samedi 19 mars 2022
Modifié à 0 h 00 min le 19 mars 2022
Par Claude Poirier

redactiongm@gravitemedia.com

J’ai déjà parlé à quelques reprises de dossiers relevant de la responsabilité de l’Unité permanente anticorruption (UPAC). Récemment, l’un d’eux, le projet Mâchurer, qui traitait du financement du Parti libéral du Québec sous le règne de Jean Charest, est revenu dans les manchettes.

Huit ans après son commencement, et sous la recommandation d’un ancien juge de la Cour d’appel du Québec et de deux procureurs du Directeur des poursuites criminelles et pénales du Québec, l’enquête a pris fin. Ils en sont venus à la conclusion qu’il n’y avait pas matière à déposer des accusations criminelles. Il est vrai que dans plusieurs dossiers, on peut avoir 100 onces de soupçons et 1 once de preuve.

Ce qui me sidère est le bilan peu reluisant de l’ancien directeur de l’UPAC, Robert Lafrenière. C’est lui qui a piloté deux enquêtes qui ont trainé en longueur: Mâchurer et celles sur les fuites d’information dans les médias, qui a finalement été transférée au département des enquêtes indépendantes.

Comment des enquêteurs peuvent étirer leur travail sur un même dossier pendant huit ans et six ans, comme dans le cas de celui sur les fuites? Et ce n’est pas le nouveau directeur de l’UPAC, Frédérick Gaudreau, qui est en cause. Il semble que celui-ci veuille se détacher de l’ère Robert Lafrenière, et avec raison.

Puis, par pure coïncidence, Jean Charest, qui était visé par l’enquête sur le financement de son ancien parti, a annoncé la semaine dernière sa candidature à la chefferie du Parti conservateur du Canada, peu de temps après que l’UPAC ait fermé le dossier. Certains m’ont effectivement fait remarquer qu’il s’agit d’un drôle de hasard…

Il est légitime de se poser des questions, car dans cette histoire, c’est encore l’argent des contribuables qui est en cause. Récemment, j’ai entendu en entrevue l’auteur de la série District 31, Luc Dionne, qui n’y est pas allé de main morte avec les compétences de l’UPAC. Je suis totalement d’accord avec lui. L’UPAC coûte 30 M$ par année – une fortune! –, et les résultats sont généralement décevants. Peut-on s’attendre de François Legault qu’il prenne ses responsabilités quant à l’avenir de l’UPAC, alors que les élections approchent?

Depuis sa création en 2011, l’UPAC est constamment entourée de mystère. Il faudra que le prochain gouvernement donne des explications sur ses intentions quant à cette unité parce que jusqu’à présent, son bilan n’est pas reluisant.

 10-4!

 

(Propos recueillis par Gravité Média)