Automobiles

On a vu le film Ford contre Ferrari et voici ce qu’on en a pensé

le jeudi 14 novembre 2019
Modifié à 4 h 00 min le 14 novembre 2019
Le Guide de l'Auto Article par Julien Amado

Ford contre Ferrari est sans aucun doute le film le plus attendu par les amateurs de course automobile. Il retrace la lutte intense que se sont livrés Ford et Ferrari aux 24 Heures du Mans. Après avoir échoué à racheter le constructeur italien, Ford a dépensé une véritable fortune pour aller battre les Ferrari sur leur propre terrain.

Pour ce film, le réalisateur James Mangold a souhaité filmer de vraies voitures et des décors fidèlement reproduits. Il était évidemment impossible de prendre de véritables voitures d’époque pour les scènes d’action. La production a donc décidé de fabriquer une trentaine de répliques. Et il faut reconnaître que le résultat est très convaincant. Ford GT40, Ferrari 330 P3 ou encore Porsche 906, toutes les autos sont fidèlement reproduites.

En revanche, il était impossible de tourner sur le circuit du Mans dans sa configuration actuelle. Le tracé, les tribunes et le revêtement de la piste n’ont plus rien à voir avec les installations des années 1960. Grâce à des photos d’archive, la ligne des puits ainsi que certaines parties de la piste ont été entièrement reconstruites en Californie.

Le résultat final est superbe, et le fait que les autos aient été filmées sur un vrai circuit offre une expérience plus immersive au spectateur.

Un bon scénario…mais pas la véritable histoire
Dans Ford contre Ferrari, James Mangold a pris plus de libertés avec la réalité que ne l’avait fait Ron Howard pour le film Rush. L’histoire est totalement centrée sur Carroll Shelby et le pilote Ken Miles, joués respectivement par Matt Damon et Christian Bale.

Le jeu des acteurs est très bon, l’intrigue est globalement bien ficelée et on ne voit pas le temps passer en regardant le film. Mais on est vraiment très loin d’un documentaire.

Si vous ne connaissez pas bien la véritable histoire, cela ne vous dérangera pas vraiment. En revanche, si vous êtes un passionné de course automobile et que les 24 Heures du Mans n’ont pas de secret pour vous, vous risquez de tiquer sur certaines choses. Le déroulement de la course a été romancé et simplifié pour que le film ne rebute pas les spectateurs qui ne connaissent pas bien l’automobile.

Il y a aussi quelques incohérences et des erreurs historiques. Par exemple, Enzo Ferrari n’était pas présent aux 24 Heures du Mans en 1966. Et son personnage est joué par un acteur au physique trop consensuel. Le « Commendatore » avait un visage et une présence hors du commun qui ont marqué durablement les personnes qui ont croisé sa route.

Autre exemple, Carroll Shelby est directement mandaté par Ford pour construire la GT40 dans le film. En réalité, cette tâche a d’abord été confiée à Lola Cars au Royaume-Uni. Ce n’est qu’après le fiasco de Ford aux 24 Heures du Mans 1964 que le programme est confié à Shelby.

Enfin, l’auto pilotée par Ken Miles à la fin du film n’est pas la bonne. Il devrait être au volant de la « J-car », une GT40 très spéciale, en particulier la partie arrière tronquée avec de gros feux rectangles.

Quelques erreurs typiques du cinéma américain
Les scènes de pilotage sont très immersives et le bruit des moteurs très présent, ce qui ravira les amateurs d’automobile. En revanche, quel dommage que James Mangold reproduise les erreurs typiques des films d’automobile hollywoodiens en 2019!

Le meilleur exemple étant les deux pilotes qui se regardent au moment de se dépasser à pleine vitesse. En 1966, les pilotes atteignaient plus de 320 km/h à la fin de la ligne droite des Hunaudières au Mans. Autant vous dire que personne ne se regarde dans les yeux au moment de faire un freinage tardif à ces vitesses-là.

Dans le même ordre d’idées, voir Ken Miles mettre ses lunettes de soleil ou enfiler ses gants pendant qu’il conduit la voiture d’une main n’est absolument pas réaliste.

Cela dit, que cela ne vous empêche pas d’aller voir Ford contre Ferrari dont la sortie au Québec est prévue le 14 novembre 2019. C’est un bon film d’automobile qui raconte une belle histoire, à défaut de raconter la vraie.