Opinion

Des odeurs de souvenirs

le mercredi 01 août 2018
Modifié à 5 h 56 min le 01 août 2018
Par Mario Pitre

mpitre@gravitemedia.com

L’odorat est sans doute celui de nos cinq sens le plus sous-estimé; pourtant, plusieurs odeurs particulières évoquent chez moi différents souvenirs, lointains ou récents. Récemment, j’ai eu la chance d’aller à Trois-Rivières pour assister au spectacle du Cirque du Soleil présenté au nouvel Amphithéâtre Cogeco. Un excellent spectacle en passant, avec la musique des Colocs. Mais inévitablement, la première chose qui capte l’attention lorsqu’on débarque dans cette ville, c’est l’odeur ambiante de pulpe de papier qui nous envahit les narines. Mais on finit par s’y habituer. C’est un peu comme ici à Salaberry-de-Valleyfield lorsque, certains matins, l’odeur de grains bouillis émanant de la distillerie Diageo se répand dans l’air ambiant. Les gens aiment ou n’aiment pas, c’est selon. C’est d’ailleurs le même type d’odeur que j’ai senti lors d’un voyage que j’ai fait en Écosse il y a quelques années, là où on retrouve de nombreuses distilleries de scotch whisky. Les odeurs de voyage sont souvent celles qu’on retient davantage car elles évoquent en nous de doux souvenirs. Lors de matinées humides de l’été, comme celles qu’on connaît ces jours-ci, l’odeur de la flore arboricole se veut persistante et, incidemment, me rappelle l’odeur qu’on ressentait en Floride, lors d’un séjour à Walt Disney World avec ma famille. Mon nez a également en mémoire d’innombrables odeurs qui restent associées à des concepts, à des souvenirs. Qui, à Salaberry-de-Valleyfield, n’a pas en tête le week-end des Régates, avec ses fumets de kiosques de junk food ou encore l’odeur de gaz émanant des puits de ravitaillement. Qui n’est pas allé un jour à la ferme pour en conserver les effluves des bestiaux ou le parfum du foin fraîchement coupé. Par contre, je sais aussi qu’il existe des senteurs, voire des puanteurs, que je souhaite ne jamais conserver en souvenir, et dont certaines personnes ont vécu l’expérience et en subissent encore le traumatisme. C’est l’odeur de la mort, vécue par des soldats dans des zones de conflits ou par de simples individus sur les lieux d’un drame; ou encore l’odeur des dépotoirs à ciel ouvert des bidonvilles du Tiers-Monde. Que le destin nous en préserve.