Opinion
Tribune libre

Nos arbres tombent et c'est permis

le jeudi 31 mars 2016
Modifié à 0 h 00 min le 31 mars 2016

C'est avec un immense chagrin que le groupe écologique Crivert a vu deux chênes majestueux se faire abattre aux abords du boulevard Mgr-Langlois, sur le site d'un futur magasin à grande surface.

Ces deux chênes à gros fruits, fiers et remarquables, ont été remerciés de leurs services en toute légalité. Bien que l'un d'eux était atteint d'une maladie qui aurait nécessité un traitement, par quel manque de cohérence octroie-t-on des permis d'abattage d'arbres sains et matures si l'on incite des citoyens à planter de nouveaux arbres sur leur terrain? Ne sait-on pas qu'en termes de services rendus, soit le captage des gaz à effet de serre et des eaux de ruissellement pour ne nommer que ceux-ci, un arbre d'un tel calibre remporte la victoire haut la main contre un second de tout petit diamètre?

Le problème ne vient pas de la bonne volonté de nos autorités ni des citoyens propriétaires. Au contraire, le groupe écologique Crivert travaille depuis plusieurs années en concertation avec la ville de Salaberry-de-Valleyfield et de nombreux bénévoles sur plusieurs projets de plantation, notamment l'arboretum Frédéric-Back inauguré en automne dernier. Plusieurs efforts sont faits pour reverdir le territoire et c'est tant mieux. Le problème vient plutôt d'un manque de concertation entre les différents services municipaux. D'un côté, un service de l'environnement qui incite les citoyens à planter des arbres. De l'autre côté, un service de l'urbanisme qui octroie des permis d'abattage d'arbres matures sans aucune évaluation de leur santé ni consultation.

L’avènement du PADD-E par la ville de Salaberry-de-Valleyfield a permis de concrétiser quelques projets dans une optique de développement durable. Cependant, une politique de l’arbre se fait attendre. Avec le développement grandissant des secteurs résidentiels et  industriels de notre ville, cette politique est d’autant plus urgente si l’on veut préserver et améliorer le patrimoine arboricole.

On se plaint tous les jours du manque de communication entre les différentes instances politiques, entre les ministères eux-mêmes ou encore entre les différents paliers de gouvernements. Serait-ce la même chose au niveau municipal? Tristement, pendant que les isoloirs de bureaux empêchent les messages de passer, des arbres tombent. Résultat? Un nouveau magasin grande surface avec, si nous sommes chanceux, un bel aménagement paysager arborant fièrement deux ou trois hostas pour contrer nos îlots de chaleur. Serions-nous vraiment à une époque où la plus grande valeur de l'arbre est au pied linéaire?

Sophie Descôteaux - Groupe écologique Crivert