Automobiles

Nissan Murano 2018 : le pionnier

le mercredi 07 mars 2018
Modifié à 14 h 42 min le 07 mars 2018
Le Guide de l'Auto
Article par William Clavey

Lorsqu’il apparut sur nos routes en 2003, le Nissan Murano était le pionnier d’une nouvelle catégorie de véhicules; celle des multisegments. À l’époque, l’idée de fusionner une voiture avec un utilitaire était audacieuse, voire unique en son genre.

Aujourd’hui, cette catégorie domine l’industrie automobile. Le fait d’utiliser la plate-forme d’une voiture pour en faire un véhicule utilitaire est devenu chose normale, presque tous les constructeurs le font maintenant.

Coincé entre le Rogue et le Pathfinder dans la gamme des VUS Nissan, en plus de devoir partager ses ventes avec de nouveaux produits plus petits et plus abordables comme le Qashqai et le Kicks, comment le Murano se débrouille-t-il quinze ans après son apparition? Nous en avons conduit un pour en avoir le cœur net.

L’âme de la Maxima
La raison d’être du Murano reste la même que lorsqu’il fut introduit il y a plus d’une décennie : injecter les performances et la dynamique de conduite d’une voiture sport dans l’habitacle spacieux et pratique d’un véhicule utilitaire. À ce niveau, il n’a pas changé.

Lancé en 2015, ce Murano de troisième génération, qui demeure sensiblement inchangé pour l’année-modèle 2018, emprunte la plate-forme de la berline sport du constructeur, la Maxima, ainsi que sa mécanique, soit le V6 de 3,5 litres. C’est un moteur qui existe depuis des lunes chez Nissan, mais qui est néanmoins une formule gagnante sur le plan de la puissance et du couple.

En fait, ce moteur s’avère le point fort du Murano. Dans un monde inondé de petits quatre cylindres turbo, il fait bon de retrouver la douceur et la sonorité agréable d’un six cylindres en V. Pour le Murano, le 3,5 litres développe 260 chevaux et un couple de 240 lb-pi. La seule boîte de vitesses proposée est une automatique à variation continue (CVT). Le Murano possède soit un rouage à traction, soit un rouage intégral. Mon modèle d’essai était la version Platinum équipée de l’intégrale.

Sur le plan du design, le Murano est unique et s’inspire largement de l’apparence de la Maxima, incorporant une allure plus sportive que ses frères Rogue et Pathfinder. C’est un véhicule stylisé de la tête aux pieds, ce Murano, un bolide qui se fait facilement remarquer par sa calandre futuriste, sa ligne de toit racée et ses lignes fluides. Somme toute, il est attrayant et n’a pas de réel concurrent à part le Ford Edge. On doit monter en prix vers un BMW X6 ou un Mercedes-Benz GLE si l’on désire une prestance comparable.

Sportif, mais pas vraiment

Le moteur du Murano fournit des accélérations agréables (0 à 100 km/h en 7,3 secondes), tout en émettant une sonorité satisfaisante. Son comportement routier est animé, mais on n’ira pas jusqu’à dire qu’il est sportif. Certes, pour un VUS, le Murano est agile et prend les courbes sans trop d’effet de roulis, mais son centre de gravité inévitablement élevé et son poids l’empêchent d’être véritablement dynamique.

Autre questionnement mécanique, la fameuse boîte CVT. J’avoue être satisfait par les améliorations que Nissan a apportées à celle-ci. Elle incorpore désormais de faux rapports, donnant l’impression qu’elle rétrograde si l’on appuie sur le champignon, mais elle est lente à réagir et l’effet élastique – caractéristique classique d’une boîte CVT – demeure très présent, empêchant au moteur nerveux de livrer des performances réellement excitantes.

Lorsque l’on est rendu à incorporer de faux rapports à une boîte CVT, ne serait-il pas mieux de simplement la remplacer par une automatique? Le Murano a comme but d’être un VUS sportif au caractère unique. Alors pourquoi diable avoir étouffé ses performances avec une boîte qui tue toute sensation de plaisir derrière le volant?

Les promesses dynamiques du Murano sont donc un peu gâchées, en partie par une répartition de poids maladroite et une boîte de vitesses n’ayant aucune réelle prétention sportive.

Si moderne, mais si vieux
Au moins, la boîte CVT du Murano sert à réduire sa consommation d’essence, et sur ce point, le véhicule impressionne. Malgré son moteur V6, j’ai réussi à me tenir dans une moyenne de 9,6 L/100 km, un chiffre très concurrentiel pour un VUS à transmission intégrale de cette puissance, surtout en hiver!

Une fois à bord, on remarque des sièges avant ultraconfortables, offrant amplement de support, ainsi qu’un habitacle hautement silencieux, surtout à grande vitesse. Hélas, le design excentrique du Murano fait en sorte que la visibilité est plutôt restreinte, principalement à cause de la forme du capot qui se replie sur lui-même à l’approche du pare-brise, faisant en sorte qu’il est difficile de voir le bout de nez du véhicule lorsque l’on désire le stationner.

Autre élément flagrant : un tableau de bord désuet. Certains matériaux utilisés sont de qualité médiocre, et bien que l’on remarque la tentative des designers de maintenir le thème futuriste et simpliste de l’extérieur du véhicule, l’apparence globale se montre vieille, faisant d’ailleurs penser à l’habitacle d’une bagnole d’une autre génération. Le système d’infodivertissement n’aide certainement pas : celui-ci dispose d’une interface dépassée et de menus peu intuitifs, néanmoins, le tout est pourvu des dernières technologies en matière de connectivité Android Auto/Apple CarPlay. En toute honnêteté, c’est un système plutôt décevant.

Alors, fait-il quelque chose de bien, ce Murano? Il est au moins pratique, grâce à un coffre volumineux et sa configuration à hayon, élément important quand on magasine un VUS. Avec la banquette arrière rabaissée – une banquette qui laisse suffisamment d’espace à deux adultes, mais qui demeure quelque peu coincée –, le Murano dispose d’un espace total de 1 897 litres. C’est bien, mais il est étrangement moins spacieux que son petit frère le Rogue, qui offre 1 982 litres d’espace à lui seul!

En conclusion, le Nissan Murano 2018 n’est ni performant, ni sportif, ni très pratique, mais au moins, il paraît bien! Pour certains, cela est suffisant et plusieurs n’ont pas besoin de plus d’espace de chargement que ça. Le Murano accomplit donc bien sa mission de multisegment dans le sens qu’il est capable de tout faire. Malheureusement, il ne fait rien de particulièrement mieux que les autres véhicules sur la route.