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Nissan 370Z NISMO 2019 : espèce en voie de disparition

le samedi 20 octobre 2018
Modifié à 9 h 00 min le 20 octobre 2018
Le Guide de l'Auto
Article par Michel Deslauriers

Dans vingt ans, ou peut-être même avant, les véhicules autonomes et électriques prendront une place beaucoup plus significative sur nos routes, et les gens commenceront à perdre l’envie de conduire. Personne n’aime être pris dans un embouteillage, et tant que les humains conduiront des voitures et causeront des accidents par distraction ou par manque de talent, le trafic ne s’améliorera pas.

À l’instar de plusieurs autres constructeurs, Nissan travaille sur sa technologie de conduite autonome, ses premières lignes de code étant le système ProPILOT Assist déjà disponible sur certains de ses modèles. Il y a également la Nissan LEAF, dont l’autonomie électrique a été augmentée lors de la dernière refonte de la voiture, et elle profitera bientôt d’une plus grosse batterie. À l’autre bout du spectre, on retrouve les autos sport Nissan 370Z et la Nissan GT-R, qui nécessitent l’attention complète de leur conducteur.

Des sportives haut de gamme comme la GT-R demeureront probablement sur le marché au fil du temps, mais celles plus abordables risquent de disparaître. La classe ouvrière aura-t-elle les moyens de se payer une voiture autonome électrique, et d’avoir de l’argent pour une auto sport comme la 370Z pour se défouler les fins de semaine? Rendus là, les gens auront-ils même encore le goût de conduire?

Revenons toutefois au présent. Actuellement, il y a en effet des conducteurs qui veulent une machine rapide et excitante pour dévorer les routes de campagne et oublier leurs problèmes du quotidien. Et la Nissan 370Z NISMO 2019 est l’une de ces machines.

Elle est équipée d’un V6 atmosphérique de 3,7 litres qui développe 350 chevaux et un couple de 276 livres-pied – soient 18 et 6 de plus, respectivement, que dans les autres versions de la 370Z. Une boîte manuelle à six rapports est obligatoire dans la NISMO, une autre technologie qui disparaîtra bientôt. Elle peut accélérer de 0 à 100 km/h en environ 5,0 secondes, soit un dixième ou deux de moins que dans une Z ordinaire. Et sans trop savoir comment on a réussi à y arriver, avec de bons trajets sur l’autoroute, nous avons observé une moyenne sous les 10 L/100 km lors de notre essai, bien que l’essence super soit exigée.

La sonorité rauque du moteur de la NISMO est sans contredit un argument de vente convaincant. Et bien que la fonctionnalité de correspondance de régime de la boîte lors des rétrogradations peut s’avérer agaçante en conduite normale, ou pour ceux maîtrisant la technique du talon-pointe, on peut la désactiver. Le rouage à propulsion, la direction d’une précision chirurgicale, la suspension calibrée par NISMO (qui veut dire Nissan Motorsport, en passant) et les freins sport avec disques surdimensionnés de la 370Z contribuent tous au caractère agressif de la voiture. On finit souvent par conduire avec un peu trop d’enthousiasme!

En revanche, au quotidien, en se rendant simplement au travail ou en y revenant, la 370Z NISMO peut devenir épuisante. On sent chaque bosse, crevasse et nid-de-poule à cause de la suspension ultraferme et les pneus à profil bas (245/YR4019 à l’avant, 285/35YR19 à l’arrière), et il n’y a pas de modes de conduite pour rendre le roulement plus mou.

Et ça, c’est un autre aspect de la 370Z. Elle est apparue sur le marché en 2009, alors son design et sa conception sont vieux, et on a ajouté très peu de technologie dans la voiture depuis ce temps. Outre les six sacs gonflables et le système de stabilité électronique, il n’y a pas grand-chose ici en matière d’équipement de sécurité. Si l’on s’est habitué à une surveillance des angles morts, un avertisseur de précollision frontale et une prévention de sortie de voie, la 370Z risque de nous décevoir.

Détail comique : dans les versions Sport Touring et NISMO, un système de navigation, un écran tactile de sept pouces et une caméra de recul sont inclus, mais depuis que cette dernière est devenue une caractéristique de série obligatoire, elle projette également son image dans le rétroviseur pour les versions de base de la 370Z. Bref, c’est la première fois que l’on roule une voiture munie de deux affichages lors des manœuvres en marche arrière…

L’habitacle démontre aussi son âge. Les sièges Recaro garnis de cuir et d’alcantara sont fort jolis, et nous tiennent tellement bien en place que l’on doit enlever notre portefeuille de nos poches de pantalons. Le design du bloc d’instruments fait vieillot, l’éclairage orange est archaïque et les plastiques composant le tableau le bord ne devraient pas figurer dans une voiture de 50 000 $...

Il n’y a pas beaucoup d’espace dans la Z, et simplement ajuster l’angle du dossier du siège avec la poignée rotative manuelle est une expérience douloureuse, car on doit se frotter la main sur le bord de la porte. Le coffre est petit et peu profond, et le cache-bagages ne dissimulera rien qui mesure plus d’un pied en hauteur. Au moins, on retrouve des garnitures en suède avec des coutures rouges pour égayer l’habitacle, et le système multimédia, bien que désuet, fonctionne raisonnablement bien.

Malgré tout, la Nissan 370Z NISMO 2019 demeure fort agréable à conduire. L’absence de technologies embarquées peut être l’objet de critiques, mais en même temps, c’est ce qui la rend si spéciale. Elle affiche du caractère et nous rappelle qu’une bagnole est faite avant tout pour être conduite. Il n’y a même pas de place pour ranger son téléphone sur la console, et on ne retrouve qu’un seul porte-gobelet! Oublions l’arrêt chez Starbucks, rangeons le téléphone dans nos poches et concentrons-nous sur la route devant : c’est ce que l’on doit faire dans une 370Z.

Avec si peu de caractéristiques modernes dans un vieux design signifie également un prix abordable. À 48 498 $ avant les frais de transport et de préparation, la NISMO est tout sauf abordable, mais une Z de base se détaille à partir de 29 998 $, une aubaine. Même les deux livrées Édition héritage, peintes en Jaune circuit ou Bleu nacré profond, sont drôlement aguichantes à 31 k$.

En dépit du temps, la carrosserie de la 370Z est encore belle, et les ajouts aérodynamiques de la NISMO ne parviennent pas à accentuer son look séduisant. On retrouve beaucoup de concurrentes intéressantes à 50 000 $, comme des versions bien équipées de la Ford Mustang, la Chevrolet Camaro et la Dodge Challenger, toutes profitant d’un moteur V8. Mais à 30 000 $, la Z peut sacrer une volée à une Subaru BRZ, une Toyota 86 et une Hyundai Veloster Turbo.

Si l’on se cherche une pure voiture sport, et que l’on n’a pas besoin de gadgets de sécurité électroniques – que l’on désactivera de toute façon -, la Nissan 370Z 2019 nous fait de l’œil. Elle fait partie d’une espèce en voie de disparition que l’on devrait tenter de sauver, car dévorer une route de campagne déserte un dimanche matin constitue encore et toujours une bonne thérapie psychologique. Par contre, les versions Sport, Tourisme Sport et NISMO ne valent pas la dépense supplémentaire.