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Négociations en éducation: « Du positif dans les paroles, mais pas dans les faits », déplore le Syndicat de Champlain

le mercredi 10 juin 2020
Modifié à 15 h 40 min le 10 juin 2020
Par Geneviève Michaud

gmichaud@gravitemedia.com

Les membres du Syndicat de Champlain et de l’Association des professeurs de Lignery sont quasi unanimes, rejetant à 97% les dernières offres déposées par Québec le 21 mai, dans le cadre des négociations de leurs conventions collectives. «On ne signera pas à rabais», clament les deux organisations syndicales. «On a le sentiment que le gouvernement veut améliorer les conditions de travail mais qu’il ne veut pas dépenser», lance d’entrée de jeu le président du Syndicat de Champlain Éric Gingras, en entrevue au Courrier du Sud. Il donne en exemple la proposition de transférer une partie de la surveillance hors classe au personnel de soutien, ce qui permettrait aux enseignants de se consacrer à leurs tâches premières tout en donnant plus d’heures de travail au personnel de soutien, «qui peine à avoir des heures».

«Le gouvernement dit qu’il veut valoriser la profession, mais il ne le fait pas. C’est heurtant de voir ça. Ses offres sont contradictoires à ses promesses électorales.» - Martine Provost
«Ce n’est pas une mauvaise idée, mais quand on regarde dans les faits, avec le montant offert par le gouvernement, cela équivaut à seulement 4 minutes par jour…» «Certains éléments proposés s’approchent de nos demandes, mais on ne se rejoint pas sur la façon d’y arriver, soutient de son côté la présidente de l’Association des professeurs de Lignery Martine Provost. Les offres ne sont pas à la hauteur de nos attentes.»   Enseignants émérites La création de 800 postes d’«enseignants émérites» ne satisfait entre autres pas les syndiqués. «C’est en fait un espèce d’hybride entre un enseignant, un conseiller pédagogique et un directeur adjoint qu’on nous propose, soutenait Éric Gingras le 1er juin, dans une diffusion Facebook à l’intention des membres. Est-ce qu’on veut vraiment ça, ou on préfère que ces tâches demeurent celles des directeurs adjoints, financées à même leur budget?» «Ce nouveau statut mal défini semble davantage destiné à soulager les directions qu’à valoriser la profession enseignante», affirme de son côté l’Association de Lignery. Les deux syndicats soulignent par ailleurs que l’affirmation du gouvernement à l’effet que le titre d’«enseignant émérite» s’accompagne d’une augmentation salariale de 5% est trompeuse. Les nouvelles responsabilités de l’enseignant émérite ne pouvant dépasser 50% de sa tâche et l’augmentation ne visant que cette partie de la tâche, il s’agit plutôt dans les faits d’une augmentation salariale de 2,5%. Contexte économique «On utilise la pandémie pour essayer de faire passer des éléments idéologiques, sur lesquels le contexte actuel n’a aucun impact, déplore le président du Syndicat de Champlain. On a revu nos demandes salariales à la baisse de quelques pourcents, mais on ne cédera pas sur des éléments que le gouvernement proposait déjà avant la pandémie. C’était non avant, c’est encore non aujourd’hui.» «Le milieu de l’éducation était en souffrance avant la pandémie et il le sera tout autant après, sinon plus, affirme de son côté la présidente de l’Association de Lignery. C’est donc impossible pour nous de dire qu’on va revenir à des conditions égales ou pires que celles que l’on avait avant. Le gouvernement ne peut pas laisser tomber le milieu de l’éducation et les élèves sous prétexte qu’il y a eu une crise sanitaire.» Gestion de crise Questionnés sur la performance du gouvernement du Québec, et plus particulièrement du ministre de l’Éducation Jean-François Roberge, depuis le début de la pandémie, les deux syndicats ne sont pas tendres. «Au début, on a trouvé que c’était bien géré, mais très vite, on est passé à de l’improvisation pure et simple», croit Éric Gingras, citant de nombreuses directives qui sont venues contredire les précédentes, parfois en seulement 24 heures. «Le ministre Roberge n’a pas relevé le défi et n’a pas été à la hauteur», ajoute-t-il. «Ç’a été très difficile de suivre le ministre au cours de la crise, affirme de son côté Martine Provost. Soit les consignes n’étaient pas claires, soit on disait une chose et son contraire. Heureusement, on a eu la chance d’avoir une bonne communication, presque quotidienne, avec la commission scolaire [des Grandes-Seigneuries] pour se coordonner et avoir le même discours.» «Je lève mon chapeau aux enseignants qui, chaque jour, ont été et sont toujours à pied d’œuvre pour être présents et faire ce qu’ils avaient à faire, ajoute-t-elle. Ils se sont souvent «revirés sur un 10 sous» et ont dû user de leur créativité.» Territoires Le Syndicat de Champlain couvre le territoire des commissions scolaires Marie-Victorin, des Patriotes et de la Vallée-des-Tisserands, et l’Association des professeurs de Lignery, celui de la Commission scolaire des Grandes-Seigneuries.