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Mitsubishi Eclipse Cross 2019 : entre l’arbre et l’écorce

le samedi 31 août 2019
Modifié à 4 h 00 min le 02 septembre 2019
Le Guide de l'Auto Article par Guillaume Rivard

Permettez-nous d’utiliser cette expression, non pas à cause de la couleur discutable de notre modèle d’essai, mais plutôt parce que le Mitsubishi Eclipse Cross, bien qu’il soit le produit le plus récent et le plus distinctif de la marque japonaise, tarde à s’imposer.

À cheval entre les segments compact et sous-compact, il est venu se loger l’an dernier dans l’espace pas si grand entre le vénérable Outlander et le petit RVR. Au terme des six premiers mois de 2019, il tire encore de l’arrière sur ses deux frères au chapitre des ventes.

Comment expliquer cette situation? On a passé une semaine au volant de l’Eclipse Cross pour mieux comprendre.

De l’audace
Dans un créneau où les concurrents tentent par tous les moyens de se démarquer sur le plan esthétique, les designers de Mitsubishi ont fait preuve d’audace et créé un VUS unique aux allures de coupé. Ça fait du bien, car à ce chapitre, les Outlander et RVR sont vieillissants et peu inspirants.

Les blocs optiques bien en vue, les jantes stylisées de 18 pouces, les diverses touches de chrome, la ligne de relief sur les flancs et la ceinture de caisse inclinée lui confèrent un look dynamique. Cela dit, on aime ou on n’aime pas la partie arrière avec cette bande qui entrecoupe la vitre du hayon – impossible de rester indifférent.

Et si vous ne raffolez pas du Bronze métallisé, six autres couleurs extérieures sont proposées, dont Diamant rouge et Bleu octane.

Des lacunes
Comment se passe la vie à bord du Mitsubishi Eclipse Cross? Les sièges avant (chauffants) offrent un niveau de confort appréciable, le rangement est correct et l’équipement de série comprend un climatiseur automatique ainsi qu’un écran tactile de sept pouces avec Apple CarPlay et Android Auto.

En version haut de gamme GT S-AWC, comme ici, on retrouve notamment un affichage tête haute, un toit panoramique à deux panneaux, un frein de stationnement électronique, une chaîne Rockford Fosgate de 710 watts, des sièges en cuir aux coutures contrastantes et des places arrière chauffantes. À cela s’ajoutent plusieurs aides à la conduite, dont un système de vision périphérique et une technologie d’atténuation de collision avant avec détection de piétons. Pas de système de navigation, bizarrement.

Pour le reste, ça se gâte. La qualité de certains matériaux est décevante (volant, haut des portières), l’écran central est un peu trop éloigné et le pavé tactile qui l’accompagne sur la console n’est pas d’un grand secours, à moins de développer toute une dextérité. Il n’y a même pas de bouton physique pour le volume.

À l’arrière, le dégagement pour la tête se veut très limité et les appuie-têtes sont franchement mal conçus. En vérité, malgré un mécanisme coulissant et des dossiers inclinables vers l’arrière, on plaint ceux qui doivent s’y installer.

Quant au coffre de 640 litres (1 385 une fois la banquette repliée), il est plus grand que ceux des rivaux sous-compacts, mais plus petit que celui des compacts. L’angle du hayon n’aide pas. On aurait également aimé du rangement sous le plancher, comme c’est le cas dans d’autres modèles, mais le pneu de secours occupe toute la place.

De S-AWC à CVT
L’unique moteur du Mitsubishi Eclipse Cross 2019 est un quatre cylindres turbocompressé de 1,5 litre qui développe une puissance modeste de 152 chevaux et un couple intéressant, du moins sur papier, de 184 livres-pied.

Le problème, c’est que l’on ne le sent pas vraiment. La boîte à variation continue est la principale coupable, son fonctionnement n’étant pas un modèle pour les CVT. Les accélérations plus poussées sont bruyantes et la consommation d’essence moyenne de 9,3 L/100 km fait presque peur. Un mode Eco est disponible, mais on ne l’a pas utilisé par crainte de tuer tout agrément de conduite.

Ce véhicule a l’avantage de miser de série sur un bon rouage intégral appelé « Super All-Wheel Control » (incluant des modes Auto, Neige et Gravier), un châssis solide et une direction agréable. Le roulement peut cependant devenir sec sur les chaussées plus endommagées et, bien que la pédale de frein soit facile à moduler, les distances d’arrêt sont plutôt longues. Ah, et la fameuse bande au milieu du hayon devient vite agaçante dans le rétroviseur.

Un combat difficile
Les constructeurs multiplient les VUS afin de répondre aux goûts et aux besoins du plus de gens possible. À qui s’adresse exactement le Mitsubishi Eclipse Cross 2019? Environ aux mêmes personnes qui s’intéressent aux Nissan Qashqai, Jeep Compass et Subaru Crosstrek – tous plus abordables – sans oublier les futurs Chevrolet Trailblazer et Mazda CX-30.

À notre avis, considérant le prix élevé des différentes versions, le seul choix intéressant est la version de base à partir de 27 998 $. Autrement, vous serez mieux servi par de vrais VUS compacts, plus spacieux, plus puissants, souvent plus raffinés et mieux équipés. D’un autre côté, l’excellente garantie de 10 ans/160 000 km sur le véhicule et le groupe motopropulseur reste un solide argument en faveur de Mitsubishi.