Opinion

Merci monsieur le juge

le vendredi 13 avril 2018
Modifié à 8 h 46 min le 13 avril 2018
Par Steve Sauvé

ssauve@gravitemedia.com

L’honorable juge François Huot a tranché. Les images captées lors de la tuerie perpétrée par Alexandre Bissonnette à la grande mosquée de Québec le soir du 29 janvier 2017 ne seront jamais diffusées. M. le juge, je vous remercie. Ce n’est pas un secret pour personne, je couvre l’actualité judiciaire dans le Suroît. Je suis un véritable passionné. Un incendie, une collision, une perquisition ou même une comparution, ça me fait carburer. J’adore mon travail. Je peux même quitter ma maison en soirée pour aller couvrir un événement. Cependant, j’ai mes limites et je ne les franchirai pas pour faire plaisir à quiconque. Pour imager mes propos, je refuse systématiquement de publier le nom d’une personne décédée avant que les policiers me confirment l’identité de la victime. Pourtant, preuve à l’appui, lorsque le nom de la personne qui a perdu la vie est publié, le résultat (clic) est de loin supérieur. Je refuse aussi de publier une photo qui laisse voir la victime. Je ne trouve pas que de voir un corps donnera un plus à mon texte. Pour moi, il est inconcevable que la dernière photo d’une victime soit son corps inerte ou qu’une famille proche d’une victime apprenne son décès dans l’une de mes publications. Les policiers ont cette pénible tâche, ce n’est pas la mienne. Les images de la vidéo de la tuerie de Québec, dans laquelle six personnes ont perdu la vie, n’ont pas à être publiées. Est-ce que la population a besoin de voir ces images pour constater la barbarie de ces gestes ? J’ai juste à l’imaginer que mon sang se glace donc, je n’ai pas besoin de les voir. En prononçant le scellage des images, le juge Huot n’a pas uniquement appliqué la loi. Il a aussi usé de gros bon sens. Il y a des limites à ne pas franchir, ce n’est pas toujours une histoire de clics. Ici, c’est une histoire humaine qui, si elle est bien écrite, n’a pas besoin de rien de plus pour être racontée.