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Économie

Manutention ferroviaire : le CN pourrait larguer des Soulangeois

le mardi 30 avril 2019
Modifié à 16 h 02 min le 30 avril 2019
Par Yanick Michaud

ymichaud@gravitemedia.com

Le CN fait actuellement frémir des entrepreneurs de Saint-Polycarpe et d’autres à la limite de l’Ontario. La compagnie ferroviaire pourrait cesser ses activités dans ce secteur dès septembre.   La députée Anne Quach a été alertée par des entrepreneurs du coin. L'affaire a vu le jour l’automne dernier. « Ces personnes m’ont contactée pour dire que le CN pourrait arrêter l’exploitation de service sur une portion dans Soulanges et en Ontario. Une lettre a été acheminée en octobre 2018, mais les producteurs l’ont reçue seulement en janvier. Depuis ils ne peuvent avoir de réponses et lorsqu’ils réussissent à obtenir de l’information à travers les branches, c’est flou », explique la députée néodémocrate. Selon elle, le CN essaie de passer sous silence, en catimini, cette opération. « Moi, je veux faire bouger les choses pour que les gens soient au courant. J’ai interpelé mon collègue ontarien, Francis Drouin parce que des industries de son comté sont également touchées », lance Anne Quach.

Réelles considérations

L’affaire remue puisqu’elle touche des manufacturiers de grains qui desservent énormément d’agriculteurs de Vaudreuil, de Soulanges, mais aussi jusqu’en Atlantique, en Ontario, aux États-Unis. « Si le train ne passe plus, les camions auront un réel impact. Il y a 1000 wagons par année pour les deux entreprises de Saint-Polycarpe. Si on fait le même travail par camions, ce sera trois fois plus. Imaginez les émissions de GES, l’impact sur l’environnement, les voisins, les routes, l’usure, le coût de la marchandise. Ce serait plus cher, les prix augmenteraient considérablement », explique la députée qui devrait avoir une rencontre sous peu avec le CN. Une douzaine de compagnies seraient touchées dont Les Grains JP et Les élévateurs Beaujeu de Saint-Polycarpe, mais aussi IKO à Hawkesbury qui se spécialise dans les bardeaux d’asphalte, Ivaco à L’Orignal, une aciérie et MacEwen, à Maxville, une entreprise de produits liés au pétrole. « On se demande si une autre entreprise pourrait prendre la balle au bond et desservir cette section qui va de Montréal à Ottawa, en passant par Glen Robertson et L’Orignal. Sans compter qu’à partir de là, les produits peuvent transiter vers le Sud des États-Unis, ou ailleurs », affirme Anne Quach. [caption id="attachment_62117" align="alignnone" width="521"] Anne Quach a rencontré les entrepreneurs spécialisés dans le transbordement ferroviaire et qui envoient du grain, des céréales, de la farine de viande et de nombreux autres produits au Canada et aux États-Unis.[/caption]

Voguer dans l’incertitude

Dominic Leroux des Grains JP, confirme la demande de rencontre avec les dirigeants du CN. « Depuis notre rencontre avec la députée, on dirait que les choses bougent. Ils veulent nous rencontrer, mais la date est indéterminée. Il faudra faire rapidement. D’ici deux semaines, nous allons amorcer nos grandes cultures et nous aurons la tête ailleurs. Toutefois, nous aurons peut-être des réponses à nos nombreuses questions », dit-il. Ils ont appris par la bande que le CN voulait éventuellement se départir de la voie ferrée qui les dessert. « C’est malheureux, parce que c’est une entreprise que nous avons rachetée et que nous voulions relancer. Nous avons un bon potentiel de clients en Atlantique et aux États-Unis. Mais voilà que les rumeurs circulent et qu’il n’y a plus rien de certain. L’incertitude est malsaine », explique-t-il. Son entreprise transborde du maïs, des céréales, des grains, vers le nord des États-Unis et l’Atlantique. Lui et ses partenaires venaient d’investir 100 000 $ en infrastructures. Avant d’apprendre à travers les branches les intentions du CN.

Réponses du CN

Il a toutefois été possible d’apprendre par les responsables des communications au CN, que rien n’est joué. Dans une brève missive, les spécialistes des relations médias et affaires publiques ont laissé savoir que : « Les chemins de fer financent et entretiennent leur propre infrastructure de voie ainsi que leur emprise. Si le trafic dans un corridor ferroviaire ne suffit pas à soutenir ces investissements continus, le CN peut entamer un processus règlementé. L’amorce de ce processus ne signifie pas la cessation immédiate de l’exploitation. La prestation de services ferroviaires aux clients actifs est maintenue et plusieurs scénarios sont envisageables. Durant ce processus, le CN ne peut pas commenter celui-ci, pour des raisons de confidentialité. » Ils concluent en disant avoir fait une offre de rencontre aux élus.