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«La maladie mentale n’a pas de classe sociale» - Kim Pérusse

le vendredi 11 mai 2018
Modifié à 15 h 54 min le 11 mai 2018
Par Denis Bourbonnais

dbourbonnais@gravitemedia.com

SANTÉ MENTALE. Kim Pérusse ne l’a pas eu facile dans son parcours de vie. Née d’une famille dysfonctionnelle, la Campivallensienne âgée aujourd’hui de 61 ans a éprouvé des problèmes de santé mentale dès l’adolescence. De nombreuses psychoses et tentatives de suicide ont fait partie intégrante de son cheminement, de sorte qu’elle a frôlé la mort à quelques reprises. N’ayant pas bénéficié de soins adéquats durant la majeure partie de son combat avec les troubles mentaux, Kim a dû chasser les démons plus souvent qu’à son tour. Diasnostiquée «dépressive à vie», la sexagénaire a trouvé le moyen de subsister dans ce combat perpétuel. Son acharnement de vivre et une médication appropriée lui ont permis de s’en sortir, même si elle est consciente que la menace d’une rechute n’est pas disparue à tout jamais. «Je n’ai pas fait de psychose depuis 2014 et je me croise les doigts. J’ai été bien entourée dans les dernières années et ma situation s’est améliorée grandement. Je sais qui je suis et je m’assume», décrit Kim Pérusse, qui a rencontré le «Journal Saint-François» dans les locaux du groupe d’entraide Psycohésion à Salaberry-de-Valleyfield. En cette Semaine nationale de la santé mentale, l’histoire de cette dame qui incarne la persévérance est porteuse d’espoir. Après avoir atteint les bas-fonds à plusieurs reprises, Kim Pérusse est parvenue finalement à se relever. «La maladie mentale n’a pas de classe sociale et peut ébranler n’importe qui. Je peux dire maintenant les personnes atteintes peuvent s’en tirer avec la médication appropriée et une volonté de guérir», confie-t-elle. Délaissée Une enfance très difficile a amplifié la problématique mentale qui allait affecter l’existence de Kim Pérusse. «Ma mère et mon père m’ont délaissée et c’est ma grand-mère paternelle qui m’a élevé. Les épreuves ont commencé à l’âge de 3 ans. Mon père venait chez ma grand-mère et il ne me parlait pas. C’était juste pour donner de l’argent. Les liens avec ma sœur et mon frère ont également été coupés», relate-t-elle. Attirée par les chevaux, Kim a travaillé dans un centre d’équitation à la préadolescence et elle y a trouvé une forme de thérapie. Toutefois, elle a sombré dans une première dépression à l’âge de 16 ans quand son demi-frère est décédé dans un accident de moto. Incapable de compléter ses études au Secondaire, elle a obtenu un emploi dans le domaine de la restauration mais les choses se sont compliquées. «J’avais un conjoint qui buvait et qui était un joueur compulsif. J’ai revu mon père mais ses agissements m’ont mis à terre. Il s’est essayé sur moi», raconte-t-elle. Kim a fait une seconde tentative de suicide à l’âge de 26 ans. Une surdose de médicaments mêlée à la consommation d’alcool l’a confinée à un état comateux. «Un marcheur m’a trouvée dans un bois après 3 jours. J’ai passé deux semaines à l’hôpital et des artères de mon bras droit étaient atrophiées, ce qui a causé des problèmes pendant un an.» Kim a rencontre le père de sa fille à l’âge de 37 ans et elle a été contrainte par la suite d’élever seule sa progéniture. Après avoir occupé un emploi stable, elle a plus tard fréquenté un autre conjoint qui l’a initiée à des drogues telles que la cocaïne et l’ecstasy. Sujette à de fortes migraines, elle entendait des voix «qui la rabaissaient» et qui lui rappelait l’intimidation dont elle a été victime à l’école primaire. Dans l’inconnu L’enfer s’est poursuivi jusqu’à ce qu’elle soit obligée de quitter un emploi en raison d’une sévère crise d’angoisse en 2010. Des séjours en psychiatrie et au centre d’aide «Le Tournant» n’ont pas réglé ses préoccupations de sorte qu’il a fallu un séjour de 3 mois à l’aile psychiatrique de l’Hôpital Sacré-Cœur, en 2013, avant de voir la lumière au bout du tunnel. «Un trop plein d’épreuves au fil de années m’a rendu dépressive mais je ne me suis jamais rendu à l’évidence que j’avais une maladie mentale. Depuis que les bons médicaments m’ont été administrés en 2014, je me suis réapproprié ma vie» se réjouit la dame qui peut maintenant assouvir ses deux passions, les chevaux et l’écriture. Kim Pérusse entretient une belle relation avec sa fille de 28 ans qui est infirmière et depuis deux ans, elle campe un emploi d’adjointe administrative chez Psycohésion. «A ma première visite, je me demandais ce que je faisais ici car je n’acceptais pas ma maladie. Petit à petit, je me suis impliquée et c’est beaucoup grâce aux filles de Psycohésion si je mène une vie plus normale après 50 années marquées par des épreuves», conclut Kim Pérusse.