L'or blond coule à flot dans le Suroît

La demande sans cesse croissante du sirop d'érable à travers le monde devrait se traduire par une augmentation significative du nombre de producteurs acéricoles au Québec et par conséquent, sur le territoire de la Montérégie-Ouest. Cette hausse anticipée de la production entraînera la création de plusieurs dizaines d'emplois dans la région du Suroît.

Il faudra toutefois attendre à l'hiver 2017 pour voir le Québec produire annuellement les quelque 6 millions de livres additionnelles destinées à répondre aux nouvelles exigences du marché planétaire. La Fédération québécoise des producteurs acéricoles réclame depuis avril 2015 un assouplissement des quotas pour ajouter plus de 2,35 millions d'entailles à la grandeur de la «Belle province» mais le gouvernement provincial a commandé une étude pour évaluer la situation.

Selon le président de la Fédération, Serge Beaulieu, un producteur acéricole d'Ormstown, la Régie des marchés agricoles et agroalimentaires du Québec (RMAAQ) devrait statuer en faveur d'un ajustement du contingentement en juin prochain afin de permettre au Québec de garder sa part de marché (72%) au plan mondial. Or, l'acériculteur du chemin de la Rivière-aux-Outardes estime que cette décision aurait dû être prise plus tôt.

«La Régie s'est traîné les pieds (dans ce dossier). On avait vu venir ça en 2014. La consommation mondiale de sirop d'érable s'accroît annuellement de 5% depuis les 5 dernières années. Nous devons être prêts en 2017 pour suivre la tendance, sinon on pourrait manquer de sirop d'érable. Avec la chute du dollar canadien, les exportations sont en augmentation», affirme M. Beaulieu, qui occupe la présidence du Syndicat des producteurs acéricoles de la région de Saint-Jean/Valleyfield depuis 1989.

Dans la Montérégie-Ouest, cet essor prévu de l'industrie pourrait faire passer le nombre d'entailles de quelque 800 000 à 900 000 alors que le volume annuel de sirop d'érable produit par les 170 acériculteurs (2,4 millions de livres) s'approcherait de 2,7 millions.

En termes d'emplois, puisque le Suroît  regroupe plus d'une vingtaine d'érablières commerciales, la nouvelle donne ferait en sorte que l'industrie régionale du sirop d'érable compterait au-delà de 250 personnes à temps plein ou partiel. Quant aux investissements liés au développement à court terme de la production acéricole régionale, ils devraient se chiffrer à plusieurs centaines de milliers de dollars.

Excellente récolte

Dans l'ensemble, la saison 2016 a été profitable jusqu'à maintenant pour les acériculteurs de la région. A la ferme des frères Serge et Roger Beaulieu, plus de 104 000 livres de sirop d'érable ont été récoltés en date de jeudi dernier au moyen des tubulures reliant les quelque 26 000 entailles étalées sur les sites d'Ormstown et Saint-Stanislas-de-Kostka. Jeudi, l'or blond coulait encore à flot et l'entreprise familiale avait bon espoir d'atteindre les 120 000 livres.

«Les résultats ont été bons l'an dernier (104 000 livres) et c'est encore mieux en 2016. Les températures sont favorables cette semaine et la saison devrait se prolonger de 10 à 15 jours», se réjouit Serge Beaulieu.