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L'Itinérance prend un nouveau visage dans la région

le mardi 06 octobre 2015
Modifié à 0 h 00 min le 06 octobre 2015
Par Mario Pitre

mpitre@gravitemedia.com

L'itinérance n'est plus seulement le lot de quelques marginaux à Salaberry-de-Valleyfield et la région. Avec les coupes des gouvernements dans le milieu communautaire, elle prend également le visage de travailleurs et de jeunes familles.

«Le filet social sur lequel les gens démunis pouvaient compter pour survivre est en train de se déchirer», constate le directeur de l'organisme Pacte de rue, Claude Théorêt. On a de plus de gens qui nous contactent pour nous demander où ils peuvent obtenir de l'aide, mais on a de moins en moins de réponses à leur donner.»

Lui et Louis-Philippe Boucher, organisateur communautaire au CSLC de Valleyfield, dressent ces observations à la veille de la tenue de la Nuit dans sans-abri, dont ils sont parmi les organisateurs.

«En ce qui concerne la sécurité alimentaire, le Service alimentaire communautaire (SAC) compte une augmentation de 30 % des demandes de dépannage cette année, particulièrement en provenance des familles. Ce n'est plus juste des gens sur l'aide sociale mais des travailleurs au salaire minimum qui ne peuvent tout simplement plus arriver à cause des hausses du coût de la vie. Les gens sont pris à la gorge», constate Louis-Philippe Boucher.

Ce qui laisse croire que les paniers de Noël offerts en décembre prochain seront inévitablement moins garnis.

Que ce soit pour la nourriture, le loyer, pour payer les effets scolaires et les frais de surveillance du dîner, plusieurs familles doivent tirer le diable par la queue pour arriver. Au point où la maison Hébergement-Dépannage de Valleyfield a mis en place une ressource pour accueillir deux familles, un service occupé en permanence. «Le couch surfing n'est plus juste une activité pour touristes, mais le quotidien de bien des gens», signale Claude Théorêt.

Organismes charcutés

Les coupures des gouvernements auprès d'organismes communautaires sont directement mis en cause pour expliquer cette situation.

Le Service alimentaire communautaire a s'est notamment vu couper l'aide financière de 80 000 $ qu'elle avait du gouvernement fédéral, dont les critères ont été restreints. Même chose pour l'Antichambre 12-17 de Valleyfield, dont les services pourraient être interrompus d'ici quelques mois.

Quant aux itinérants, ils ont perdu la seule ressource sur laquelle ils pouvaient compter, depuis la fermeture du Centre de Transition en Itinérance il y a deux semaines. Le CTI avait six lits mis à la disposition des personnes sans ressources.  

Malheureusement, on peut anticiper de multiples conséquences de ces personnes qui se retrouvent devant rien. Louis-Philippe Boucher signale une hausse du nombre d'appels à la ligne de crise sur le suicide. Les vols à l'étalage seraient également plus nombreux. Et que dire de cet individu en crise qui a semé l'émoi la semaine dernière au Collège de Valleyfield.  «Il n'est pas impossible de voir d'autres gestes semblables», estime Claude Théorêt.

Ce sont ces tristes conséquences que l'on souhaite mettre en lumière lors de la prochaine Nuit des sans-abri, le vendredi 16 octobre, dont les détails seront dévoilés sous peu.