culture

Les fouilles archéologiques, un travail de terrain avant tout

le vendredi 28 juillet 2017
Modifié à 0 h 00 min le 28 juillet 2017
Par Mario Pitre

mpitre@gravitemedia.com

C’est en accompagnant l’archéologue Michel Gagné sur le site de fouilles Isings, dans le secteur Cazaville, qu’on se rend compte que le travail d’archéologie s’effectue d’abord sur le terrain, dans un environnement parfois hostile.

Depuis deux ans, l’équipe de Michel Gagné procède à l’évaluation de ce site qui se trouve sur une grande butte de sable totalisant près de 10 000 mètres carrés, au nord de la route 132.

C’est à cet endroit que nous nous sommes rendus vendredi matin, en suivant un petit sentier qui nous a conduit vers ce secteur où le jeune boisé est parsemé de petites clairières, vestiges naturels d’une lointaine occupation.

Cette année par contre, les conditions de fouilles se veulent plus difficiles en raison des quantités de pluie tombées ces derniers mois, qui rendent le sol humide et compliquent le déroulement des fouilles dans ce secteur boisé.

C’est sans compter la forte présence de moustiques et de tiques face auxquelles les chercheurs doivent se prémunir de diverses façons, à l’aide de vêtements spéciaux et d’insecticides. De plus, la présence signalée d’un ours et d’un cougar dans les parages forcent les membres du groupe à s’équiper d’un produit répulsif, d’un sifflet, voire d’un pistolet d’alarme destiné à faire fuir les bêtes.

Un site incomparable

Mais l’archéologue de la MRC du Haut-Saint-Laurent passe outre ces complications devant l’ampleur de ce site archéologique, qui s’annonce tout simplement comme le plus important gisement archéologique ininterrompu en termes de superficie découvert au Québec, rien de moins. Plus important que la Pointe-du-Buisson, qui détient actuellement la palme.

«Je n’ai jamais vu ça, ça me dépasse totalement, dit-il. À chaque distance de 10 mètres, on établit une zone de sondage de 50 centimètres carrés et on trouve pratiquement quelque chose à chaque fois.»

Avec ses assistants Simon Deschamps-Léger et Robin Boogaertes, Michel Gagné ont mis à jour de nombreux artéfacts, tels que des pièces de céramique, pointes de flèche, de même que des fosses et de foyers qui témoignent de la présence amérindienne, entre les années 1100 et 1250 de notre ère, bien avant celle du site Droulers, situé à quelques kilomètres de là. Qui plus est, la quantité d’éléments trouvés prouve que cette présence s’est étalée sur de nombreuses années, et non sur une base ponctuelle.

Les archéologues croient incidemment être en mesure de démontrer la présence de maisons longues à cet endroit et d’en produire la documentation.

Les artéfacts recueillis sur le site Isings vont joindre la collection du Centre d’interprétation du site Droulers-Tsiionhiakwatha, qui sert en quelque sorte de vitrine à la dizaine de sites de fouilles ayant livré leurs secrets dans le secteur.

Les fouilles sur le site Isings se poursuivront jusqu’à l’automne, en raison d’une aide financière accordée par le ministère de la Culture et des Communications, direction Montérégie, la MRC du Haut-Saint-Laurent, le ministère des Affaires municipales et de l’Occupation du territoire et le Secrétariat aux affaires autochtones.

Mais tout indique qu’il faudra encore quelques années afin que ce site unique ne révèle son plein potentiel et obtienne ultimement la reconnaissance qu’il mérite.