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Les ambulancières font leur place

le lundi 08 mars 2021
Modifié à 15 h 21 min le 05 mars 2021
Par Audrey Leduc-Brodeur

aleduc-brodeur@gravitemedia.com

Paramédic depuis 8 ans, Valérie Bélanger fait partie de la nouvelle génération d’ambulancières, ces femmes qui souhaitent d’abord offrir des soins dans un contexte différent de celui de l’hôpital. Plus du tiers des effectifs de son employeur, la Coopérative des techniciens ambulanciers de la Montérégie (CETAM), sont féminins. La paramédic des secteurs de Salaberry-de-Valleyfield, Châteauguay et Vaudreuil-Dorion constate une hausse de l’intérêt des femmes pour le métier d’ambulancière depuis son entrée en poste. Celle-ci se reflète dans les taux d’inscription aux programmes collégiaux de soins préhospitaliers d’urgence, soutient-elle. «Ça vient d’elles-mêmes. Elles cherchent un emploi dans le domaine de la santé qui demande de l’endurance et de la force physique, notamment», explique celle qui s’est tournée vers cette profession pour vivre un challenge différent. Dans ce milieu qu’elle croit plus valorisé qu’avant, Mme Bélanger aime défaire les stéréotypes qui collent à la peau des femmes ambulancières. Aucune d’entre elles «n’est douillette ou ne veut vivre dans le confort», fait-elle remarquer. Elles cherchent d’abord à travailler dans l’urgence, sous l’adrénaline.
«Il n’y a personne derrière mon épaule pour choisir les soins que je dois donner.» -Valérie Bélanger
«Pour ma part, je ne me voyais pas dans un hôpital, sans en sortir pendant 16 heures consécutives. Je voulais être autonome, ne pas me faire dire quoi faire pendant mes interventions, justifie-t-elle. Il n’y a personne derrière mon épaule pour choisir les soins que je dois donner.» [caption id="attachment_105104" align="alignright" width="444"] Les ambulancières en action. (Photo gracieuseté)[/caption] Une ambulancière ne démontre pas nécessairement de l’empathie ou de la douceur parce qu’elle est une femme, fait remarquer la paramédic qui est aussi relationniste de la CETAM. Certains de ses collègues masculins en font davantage preuve et Mme Bélanger se réjouit de cet équilibre. «Ça amène un mélange d’aptitudes. Les femmes et les hommes ont parfois des points de vue différents et c’est ce qui est utile pendant une intervention. Le travail de tout le monde en est bonifié», fait remarquer l’ambulancière. De plus, les femmes qui souhaitent pratiquer ce métier connaissent les enjeux qui y sont rattachés. Les résultats scolaires doivent être au rendez-vous, de même que la forme physique. «C’est un métier qui demande à soulever des charges», rappelle-t-elle. Alors que l’absence de routine en effraie certaines, la paramédic vibre au rythme de ce quotidien atypique. «Ce n’est pas un horaire de 9 à 5, c’est évident, mais c’est possible de concilier le travail et la famille, assure-t-elle. Aussi, nous travaillons 7 jours sur 14, ce qui laisse des journées libres. Quand on choisit ce métier, on sait que ça vient avec.» Ressources Mme Bélanger dit n’avoir jamais vécu de situation particulière à l’interne à cause de son sexe. Des modèles féminins dans le milieu ont pavé le chemin pour la nouvelle génération. [caption id="attachment_105105" align="alignleft" width="444"] Ambulancière de la CETAM (Photo gracieuseté)[/caption] «La CETAM n’a pas non plus de politique d’embauche, ajoute-t-elle, mais il y a déjà une belle diversité de candidats, ce qui ne force pas la main de l’employeur. C’est très bien accepté dans le domaine que des femmes soient présentes.» Des ressources existent néanmoins pour celles qui vivent des situations à dénoncer, précise la paramédic. Le comité de direction de la CETAM est également composé de trois membres de sexe féminin sur cinq, ajoute-t-elle. Des patients sexistes Si les remarques sur leur sexe effectuées par des collègues masculins sont rares, celles émises par les patients sont plus fréquentes, confie l’ambulancière Valérie Bélanger. «Beaucoup d’entre eux nous demandent si nous sommes assez fortes pour les soulever, fait-elle savoir. Quand nous sommes deux femmes ensemble, certains nous demandent où est l’autre personne pour conduire. Ce n’est pas dit méchamment, mais je pense que ça relève d’une vieille mentalité. Il faut être bonne joueuse!» Autrement, les questions sur l’âge des paramédics reviennent. À ses débuts il y a 8 ans, Mme Bélanger devait rassurer les patients sur ses capacités. «Au final, les patients veulent recevoir des soins d’urgence. S’ils n’acceptent pas qu’ils soient donnés par une femme, c’est un problème pour leur santé», fait-elle remarquer.