Opinion

L’époque des bunkers scolaires

le jeudi 20 février 2020
Modifié à 11 h 18 min le 20 février 2020
Par Mario Pitre

mpitre@gravitemedia.com

Certains médias ont fait grand écho récemment de la situation qui prévaut à l’école Louis-Joseph-Papineau, à Montréal, dont le bâtiment ne compte pratiquement aucune fenêtre. C’est aussi le cas de l’école Baie Saint-François. C’est de cette façon que les architectes construisaient à la fin des années 60, début 70. L’objectif était d’éviter que les étudiants soient distraits par ce qu’ils voyaient à l’extérieur, selon l’explication qu’a fournie Claudine Déom, professeure à l’Université de Montréal, au Journal de Montréal. Ainsi, durant les deux années où j’ai fréquenté la « polyvalente » Baie Saint-François, la seule façon de profiter de la lumière naturelle extérieure résidait dans ces longues fenêtres conçues en hauteur, appelées « meurtrières », à l’image des ouvertures dont étaient autrefois dotées les châteaux; ou encore… en se retrouvant chez le directeur. Sur l’heure du lunch, on disposait également de plus grandes fenêtres en se rendant à la cafétéria. Le printemps venu, on pouvait aussi sortir à l’extérieur pour luncher sur le terrain arrière de l’école. Mais il n’y avait pas de chance qu’on soit distrait par quoi que ce soit d’extérieur, une fois en classe; encore moins dans la salle d’accueil, dont le plafond se voulait d’ailleurs très bas. Qui plus est, la cigarette y était permise, au point de laisser flotter une mince couche de boucane au-dessus de nos têtes. J’ignore si ces conditions d’apprentissage m’ont empêché de me développer pleinement. Certains petits comiques diront que oui… Toujours est-il que ce concept d’architecture se veut bien loin de ce qui est préconisé aujourd’hui, à l’heure des « lab-écoles ». Des investissements de près de 15 millions $ sont prévus à l’EBSF afin d’ajouter de l’espace à l’école qui devrait accueillir près de 1600 étudiants à la rentrée 2022. On prévoit l’ajout de plateaux sportifs, de laboratoires scientifiques et de 12 locaux de classe. Je n’ai pas vu les plans d’architecture, mais il serait peut-être de mise d’y prévoir quelques percées visuelles extérieures significatives. Question que les élèves puissent voir la lumière au bout du tunnel de leur cheminement scolaire.