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Le long calvaire de Laurie Kingsbury

le jeudi 30 avril 2015
Modifié à 0 h 00 min le 30 avril 2015
Par Denis Bourbonnais

dbourbonnais@gravitemedia.com

SALABERRY-DE-VALLEYFIELD - Des athlètes de haut niveau ont vu leur carrière prendre fin abruptement en raison de blessures subies à la tête au cours des récentes années.

Le phénomène des commotions cérébrales est devenu une préoccupation majeure dans le monde sportif et une hockeyeuse de Salaberry-de-Valleyfield fait maintenant partie des victimes de ce fléau.

Laurie Kingsbury, qui était promue à un bel avenir au sein du programme national de hockey féminin, a vu son rêve olympique s’envoler à tout jamais après avoir encaissé un impact à la tête lors d’un match des Orange de l’Université de Syracuse, à l’automne 2012. Non seulement la jeune femme de 22 ans ne pourra plus jamais chausser les patins pour pratiquer la discipline sportive qui lui a procuré ses plus grandes joies, elle doit composer encore aujourd’hui avec les séquelles de la collision bête survenue il y a plus de 30 mois.

La grande noirceur

Laurie Kingsbury pouvait aspirer à connaître la gloire au hockey olympique quand elle a contribué au triomphe d’Équipe Canada en tant que coéquipière de Mélodie Daoust au championnat mondial des moins de 18 ans à Chicago en 2010. Courtisée ensuite par 16 universités américaines, dont Harvard, Boston College, North Dakota et Minnesota, elle a arrêté son choix sur l’Université de Syracuse en raison de la proximité du nid familial.

Un gabarit imposant de 5’9’’ (175 cm) et 140 livres (64 kg) et un talent offensif indéniable ont fait de Laurie Kingsbury une hockeyeuse de calibre international. Le Journal l’avait comparée à Evgeny Malkin lors de la conquête de la Coupe Dodge par les Sélects du Lac Saint-Louis en avril 2008 à Saint-Polycarpe.

Laurie s’est démarquée à ses premiers coups de lame avec la formation de Syracuse, accumulant 12 points en 5 matchs. Puis le 6 octobre 2012, à sa 6e sortie dans l’uniforme des Orange, le malheur frappa. «J’ai plongé sur un deux contre zéro pour couper une passe et ma tête a frappé durement contre la bedaine d’une adversaire. Mon cou a craqué et j’ai vu des étoiles», a-t-elle relaté dans une entrevue accordée au Journal.

Ce fut le début d’un long calvaire pour la Campivallensienne qui a été plongée dans le noir pendant deux mois. «J’avais mal à la tête 24 heures sur 24, des migraines qui me faisaient pleurer. Je n’ai eu aucun suivi médical à l’Université de Syracuse. J’ai été traitée comme un déchet à la poubelle. Je ne savais plus quoi faire», a-t-elle signifié.

Arrêt total

De retour à la maison, Laurie a consulté quatre neurologues qui n’ont eu aucune réponse pour elle. «Les médecins disaient que le temps arrangerait les choses. Je prenais des médicaments pour les maux de tête dans la journée afin de poursuivre mes études, mais c’était pénible.»

Tout a changé quand Laurie a croisé par hasard dans un restaurant, une amie qui avait les mêmes symptômes. Cette dernière a recommandé d’aller voir la clinique Neurosport spécialisée dans les soins pour sportifs commotionnés. «Le neuropsychologue m’a mis en arrêt total. J’étais sur l’adrénaline et j’avais épuisé toutes mes énergies.»

La période de récupération a duré près d’un an et ce n’est que récemment, en début d’année que la vie de Laurie Kingsbury a commencé à reprendre son cours normal. «Il n’est plus question de jouer au hockey, mais je peux m’entraîner modérément et travailler. Je dois quand même doser tout et rester prudente», devait-elle attester.