Faits divers
COVID-19

Le détenu décédé de la COVID-19 avait demandé à être soigné à l’hôpital

le jeudi 21 mai 2020
Modifié à 17 h 16 min le 21 mai 2020
Par Eric Tremblay

etremblay@gravitemedia.com

Robert Langevin est décédé le 19 mai après avoir contracté la COVID-19 à la prison de Bordeaux. Le Campivallensien de 72 ans avait demandé neuf jours plus tôt à être dirigé vers l’hôpital parce qu’il avait peur de mourir. «Je veux que les gens d’ici sachent tout sur le décès de mon ami, soutient Nancy, une amie du défunt. Il n’aurait pas dû mourir. Il avait peur et personne a voulu l’aider pour le soigner.» M. Langevin était incarcéré depuis décembre dernier pour bris de probation. Il était en attente de procès et devait passer devant le juge au palais de justice de Valleyfield le 14 mai. Dès la pandémie, les visites ont été interrompues à Bordeaux. Mais le détenu appelait sa conjointe tous les jours. Le 27 mars, il avait déjà fait part de ses inquiétudes dans une plainte à l’endroit du pénitencier. Il écrivait : «J’ai été opéré à cœur ouvert avec quatre pontages. En 2018, j’ai eu une opération du cœur et je suis des traitements tous les jours à la prison. Je suis sur des antibiotiques et masque d’oxygène respiratoire et je suis en traitement de coronavirus. Je n’ai pas envie de mourir ici. Je suis un cas urgent. Je suis humain et j’ai des droits. Je suis vulnérable et ma condition de vie ne me permet pas de mourir ici. Ce n’est pas humain. » Les amis du septuagénaire ont tenté de convaincre les autorités de le laisser sortir de la prison en raison de la fragilité de son état. Ils ont aussi appelé son avocate. Mais leurs demandes sont restées lettre morte. Le dimanche de la fête des Mères, son amie de cœur a reçu un coup de fil. «L'appel que je ne souhaitais jamais recevoir, assure Nancy. Et l'appel que Bob avait peur de faire. Déjà une semaine qu’il était à l'infirmerie. » Robert Langevin a par la suite été transféré à l’hôpital Sacré-Cœur où il est décédé. Nancy réfute les allégations propagées par certains médias à l’effet que Robert Langevin aurait refusé d’être intubé. «Je ne le laisserai pas tomber mon ami Bob, assure sa conjointe. Je vais me battre pour lui. Il n'avait plus la force de se battre, ni pour sa cause ni pour combattre le virus. Mais je veux que son histoire soit connue. Je veux que son histoire soit écrite dans les statistiques. Mais le plus important, je veux que son histoire obtienne des réponses claires. Mon ami vient de marquer une page d'histoire de cette pandémie.»