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Le défi de la parentalité

le vendredi 12 mai 2017
Modifié à 0 h 00 min le 12 mai 2017
Par Eric Tremblay

etremblay@gravitemedia.com

Le désir de fonder une famille était fort pour Mélanie Côté et Raymond Martin. Mais des difficultés se sont présentées en cours de route. Ce désir s’est transformé en défi, celui de la procréation assistée. Quatre ans plus tard, le sourire de Satyanna est la plus belle récompense pour le couple de Valleyfield.

Il était clair pour le couple que des enfants viendraient s’ajouter à leur bonheur. Mais après un an et demi, aucune grossesse ne survenait. Raymond est allé consulter un urologue qui lui confirmait que la moitié de ses spermatozoïdes étaient morts et que l’autre portion était peu mobile. Quant à Mélanie, un ovaire collé sur la paroi réduisait ses chances.

Rapidement, ils ont été dirigés vers la clinique Procréa. En 2012, le gouvernement envisageait adopter une loi pour offrir gratuitement la fécondation in vitro. «Le gynécologue à l’hôpital Maisonneuve nous a dit qu’un programme allait être mis en place en septembre et que ce serait gratuit, explique le couple. Mais on ne connaissait pas vraiment ça, c’était tabou. Des membres de nos familles disaient de laisser faire la nature, que ça finirait par marcher. » On tentait aussi de soustraire Mélanie et Raymond aux joies des autre couples de leur famille ou entourage qui attendaient un enfant. «La famille autour trouve ça dur aussi», soutient Raymond.

Le processus a pris quatre ans. Une période durant laquelle Mélanie a dû abandonner son boulot afin de maximiser ses chances de tomber enceinte. Quatre ans d’injection, de prises d’hormones ou de certaines pilules qui ont affecté le moral. «À mon emploi, on me disait que ça n’avait pas d’allure, soutient Mélanie. Tu te sens jugée. Ils ne te le disent pas, mais tu passes pour celle qui ne veut pas travailler. J’aurais aimé tomber enceinte naturellement. »

Toujours y croire

Un couple sur six sera confronté à des troubles de fertilité. Le taux de réussite d’une fécondation in vitro se situe entre 28 % et 33 %. Après trois inséminations artificielles, ponctuées par deux fausses couches, le couple ne perdait pas espoir. Mais regardait tout de même d’autres avenues. «On ne voulait pas vivre de déception, mais on se disait toujours : tout d’un coup que, résume Mélanie. Tu te dis toujours que ça peut marcher. Mais après la troisième fois, on a entrepris les démarches pour l’adoption. On a essayé encore, mais pour moi, c’était clair que c’était la dernière fois. J’avais beaucoup de peine. C’est naturel avoir des enfants, tu n’es pas supposé avoir à te battre. »

La quatrième fois a été la bonne. Doublement même. Deux cœurs se sont faits entendre.  À l’échographie suivante, silence radio. «Raymond était convaincu que le docteur s’était trompé, indique Mélanie. Pendant deux semaines, j’ai été malade. Une fois à l’hôpital, on prévoyait un curetage, mais lors d’une autre échographie, les deux cœurs battaient. Ça été une montagne russe d’émotions. »

Le destin avait frappé, Raymond et Mélanie seraient parents.

Pas un caprice

En bout de ligne, l’un des deux enfants était atteint de spina-bifida sévère, si bien que cette grossesse a été interrompue. Satyanna a continué de se développer dans le ventre de sa maman. Elle est venue au monde en 2012, par césarienne. Le même matin, Mélanie et Raymond voyaient leur dossier d’adoption accordé.

«On l’a désiré ce bébé-là, convient Mélanie. J’ai fait du diabète de grossesse, eu des troubles de pression. J’ai été hospitalisée 4-5 fois pour déshydratation. À toutes les semaines, j’allais à Sainte-Justine pour des suivis médicaux. »

Le programme gouvernemental a été rayé de la carte depuis. Une décision qui a déçu les parents. «Ce n’est pas un caprice, soutiennent-ils. Ce n’était pas pour un chien ou une maison, mais un enfant, un être qui va contribuer. De plus en plus de couples en jeune âge ont des difficultés à avoir des enfants. Ça peut être lourd à porter. »

Le couple s’est senti seul dans cette aventure. Il y avait peu de soutien et pas de groupes d’entraide à l’époque. «C’était au début du programme, rappelle Raymond. Il y a eu beaucoup d’essai-erreur. Seize ovules sur 22 ont été fécondés et dix ont survécu. »

La nature a fait son œuvre deux ans plus tard si bien que la famille s’est agrandie.