Actualités
COVID-19

La santé-sécurité au travail doit devenir une priorité nationale

le mercredi 29 avril 2020
Modifié à 9 h 41 min le 29 avril 2020
Par Eric Tremblay

etremblay@gravitemedia.com

La CSN souligne la Journée internationale de commémoration des travailleuses et des travailleurs morts ou blessés au travail en invitant les gouvernements à faire de la santé-sécurité au travail une priorité nationale, particulièrement dans le contexte de pandémie liée à la COVID-19. Des chiffres alarmants pour l’année 2019 La Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) a  dévoilé les statistiques pour l’année 2019 : cette année encore, un nombre effarant de Québécoises et de Québécois ont péri au travail, soit un total de 190. De ce nombre, on compte 57 décès à la suite d’un accident et 133 à la suite d’une maladie professionnelle. « Année après année, nous appréhendons ce triste bilan, car il illustre à quel point il y a urgence d’agir pour améliorer la protection des travailleuses et des travailleurs, quel que soit le secteur d’activités. Nous ne cesserons pas d’interpeller les gouvernements tant et aussi longtemps que les dispositions législatives et les mesures appropriées ne seront pas adoptées », affirme Jean Lacharité, vice-président de la CSN. La situation en Montérégie En Montérégie, ce sont 28 travailleuses et travailleurs qui sont décédés à la suite d’une maladie. Les accidents sont pour leur part responsables de 7 autres décès. Ce sont donc 35 personnes de trop qui ont perdu la vie en raison de leur travail pour l’année 2019 en Montérégie. « Les maladies, blessures et décès survenus cette année en Montérégie et ailleurs au Québec témoignent que beaucoup de travail reste à faire. La santé et la vie ne sont pas des biens négociables. En ce 28 avril, il importe de commémorer les travailleuses et les travailleurs morts ou blessés, mais aussi de rappeler que tout doit être fait pour que de tels évènements soient évités », affirme Jean Philippe Dell’Aniello, Vice-président responsable des dossiers santé et sécurité au Conseil central de la Montérégie-CSN. « En ces temps de pandémie, nous tenons à mettre en lumière la situation des travailleuses et des travailleurs de la santé et des services jugés essentiels qui risquent quotidiennement d’attraper la COVID-19. La question de la prévention est au coeur de cette situation et permet de limiter la propagation de la maladie et le nombre de décès qui y sont liés ». Des réformes urgentes La CSN milite depuis des années afin de revoir l’application de la Loi sur la santé et la sécurité du travail. Rappelons que les mécanismes de prévention prévus dans cette loi ne s’appliquent qu’à environ un cinquième des travailleuses et des travailleurs du Québec. « Les mécanismes de protection peuvent faire la différence, mais la loi actuelle n’oblige qu’à les appliquer à deux groupes prioritaires définis selon les secteurs économiques des années ‘70. Un non-sens pur et simple! Nous espérons que la révision législative qui sera proposée par l’actuel gouvernement viendra corriger cet important retard, car avec chaque année qui passe, ce sont les travailleuses et les travailleurs qui en font les frais », ajoute Jean Lacharité. Dans cet ordre d’idées, il est également essentiel de préserver les dispositions de la Loi sur les accidents de travail et les maladies professionnelles. « Il importe que cette loi demeure entière afin de permettre aux travailleuses et aux travailleurs de toucher les indemnisations auxquelles ils ont droit. Pour y arriver, il est nécessaire de déjudiciariser le système, car actuellement, une tendance lourde est en train de s’installer selon laquelle certains travaillent fort pour se dégager de leurs responsabilités en matière d’indemnisation. C’est plutôt inquiétant », souligne aussi Jean Lacharité. Selon le vice-président de la CSN, le contexte actuel doit favoriser une prise de conscience générale quant à l’importance de la santé et de la sécurité dans les milieux de travail. « Tout ce que nous traversons collectivement en ce moment illustre la pertinence d’adopter une législation assurant des mécanismes de protection à l’ensemble des milieux de travail. Aujourd’hui plus que jamais, cela doit devenir une priorité nationale et c’est ce message que nous souhaitons envoyer aux autorités. Nous sommes disposés à travailler de pair afin d’atteindre cet objectif, mais il revient au gouvernement de proposer une réforme à la hauteur des défis », conclut Jean Lacharité. Respect des directives de l’Institut nationale de santé publique du Québec (INSPQ) Enfin, la crise actuelle exige que tous les milieux de travail respectent les directives de l’INSPQ et appliquent les mesures de prévention visant à protéger les travailleuses et les travailleurs.