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La marque russe Moskvitch renaît grâce aux Chinois

le jeudi 24 novembre 2022
Modifié à
Par Luc Gagné

Les Russes redécouvrent depuis quelques jours une marque qui a existé de 1946 à 2001 : Moskvitch (Moscovite en russe). Il s’agit d’une marque que les autorités du pays ont ressuscitée à la hâte pour remplacer Renault, qui a choisi de quitter la Russie à la suite du déclenchement de la guerre contre l’Ukraine. Une marque qui réserve à ses futurs acheteurs une petite surprise : une conception 100 % chinoise.

En effet, le Moskvitch 3 qui a été présenté à la presse locale le 23 novembre à l’usine de Moscou, là où Renault produisait ses véhicules (des Duster, Kaptur et Arkana, et des Nissan Terrano) jusqu’en mars dernier, est un clone de l’utilitaire sous-compact chinois Sehol X4. 

Dans sa mère-patrie, ce véhicule est également produit par le constructeur JAC de Hefei sous la forme du JS4, pour le marché local et pour l’exportation.

Renault remplacé par la bande par... Volkswagen

Or, la marque Sehol, qui se spécialise dans les modèles bon marché, a été créée en 2018 conjointement par la chinoise JAC et par Seat, la filiale espagnole de Volkswagen. Mais il faut savoir que le groupe allemand est partenaire de JAC depuis 2017, par le biais de la société Volkswagen Anhui dont le siège social est aussi à Hefei. 

Bref, on pourrait croire que Volkswagen s’est substitué à Renault par la filière chinoise...

Quoi qu’il en soit, le véhicule présenté cette semaine entrera en production d’ici le début de décembre. Il sera fabriqué à partir d’éléments préassemblés (SKD ou semi knocked down, disent les anglophones) importés de Chine par la Московского автомобильного завода «Москвич» (l’Usine automobile de Moscou « Moskvich »). Cette coentreprise qui réunit le constructeur de poids lourds et d’autobus Kamaz et la Ville de Moscou a été formée en août dernier pour reprendre et exploiter les installations cédées aux Russes par Renault, ce mois-là. 

Comparable à un Mitsubishi RVR

Avec sa carrosserie longue de 4,4 m, le Moskvitch 3 s’apparente à un Mitsubishi RVR. Le constructeur fait miroiter les 150 ch que produit son 4-cylindres turbo de 1,5 L. C’est le moteur haut de gamme, car Moskvitch offrira aussi un moteur atmosphérique de 109 ch pour des versions moins coûteuses. Ces deux moteurs seront assortis d’une boîte de vitesses manuelle, mais une boîte automatique à variation continue sera proposée contre supplément pour le moteur suralimenté.

D’ici la fin de l’année, Moskvitch lancera une variante à moteur électrique du modèle 3. Baptisé Moskvitch 3e, il s’agit d’une copie du JAC iEVS4, affirme Autostat, une entreprise de Togliatti qui analyse le développement de l’industrie automobile en Russie depuis 2003. 

De grands espoirs

Par ailleurs, dans un communiqué publié cette semaine par Kamaz et la Ville de Moscou, on apprend que la production de Moskvitch cette année sera limitée à 600 unités, dont 200 modèles 3e. 

L’année prochaine, le volume de production devrait atteindre 50 000 unités, dont 10 000 VÉ. Puis, en 2024, le constructeur produirait 100 000 véhicules dont 20 000 VÉ.

À moyen terme, Moskvitch envisage de produire cinq types de véhicules : quatre utilitaires et une berline; des véhicules sans doute issus de JAC ou de ses marques, comme Sehol. Le maire de Moscou, Sergei Sobyanin, affirme également dans un communiqué que, d’ici deux ou trois ans, Moskvitch aura sa propre plateforme pour véhicules électriques.

NDLR — Pour désigner cette marque russe, nous avons choisi d'employer la graphie Moskvitch comme les agences de presse russes Novosti et TASS, plutôt que Moskvich qu’on retrouve dans certaines autres sources d’informations.

Photos : Moskvitch, KAMAZ et JAC

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