Opinion

La faim n'attend pas

le mardi 08 décembre 2015
Modifié à 0 h 00 min le 08 décembre 2015
Par Mario Pitre

mpitre@gravitemedia.com

L'économiste de gauche Léo-Paul Lauzon ne se gêne pas pour utiliser de sévères expressions à l'égard des journalistes qui participent à la Guignolée des médias dans son texte publié en 2012 dans de nombreux médias, et qui revient dans l'actualité à chaque année en ce début de décembre.

Selon lui, s'ils ont un minimum de respect pour les démunis, les journalistes devraient cesser de prendra part à la Guignolée des médias, qu'il qualifie de «spectacle grotesque et pathétique». Il accuse les journalistes, et incidemment tous les bénévoles qui participent à l'événement, de banaliser la pauvreté et de mépriser les pauvres. Pour M. Lauzon, «pour aider les pauvres, il faut éliminer la pauvreté. Et pour éliminer la pauvreté, faut s’attaquer à la source par la mise en place de politiques sociales, économiques et fiscales appropriées.»

Je suis bien d'accord avec lui sur cette dernière piste de solution pour contribuer à réduire la pauvreté, ou sur le fait que l'écart entre les riches et les pauvres s'accentue au pays depuis la dernière décennie, ou que le Canada (surtout celui de Stephen Harper) n'en fait pas assez pour venir en aide aux couches défavorisées de la population.

Cependant, l'économiste semble croire à une pensée magique voulant que la simple adoption de mesures sociales et économiques appropriées puisse venir à bout de la pauvreté. De telles mesures vont sans doute diminuer le nombre de demandes pour des paniers de Noël ou pour l'aide alimentaire en général. Mais de grâce, qu'on ne jette pas le bébé avec l'eau du bain.

Ce n'est pas demain que la société en arrivera à une telle situation idyllique. Les familles qui sont dans le besoin n'ont pas le luxe d'attendre l'élection d'un gouvernement de gauche pour nourrir les leurs. Et pour combler ponctuellement ce besoin, on peut heureusement compter sur des bénévoles qui donnent de leur temps pour apporter un humble réconfort à la période des Fêtes. Je ne crois pas que les familles qui bénéficient de cette aide alimentaire considèrent la Guignolée des médias comme un «spectacle grotesque et pathétique.» Et les journalistes qui en font la promotion dans les pages de leur journal ou sur place lors de l'événement sont loin de banaliser la pauvreté. À Salaberry-de-Valleyfield et la région, la pauvreté ne sévit pas qu'à la période des Fêtes, mais à l'année longue. Elle requiert des efforts de tous les instants.