Opinion

Jean-Luc qui ?

le mercredi 25 septembre 2019
Modifié à 9 h 07 min le 25 septembre 2019
Par Mario Pitre

mpitre@gravitemedia.com

Le médaillé olympique Jean-Luc Brassard a prononcé une conférence jeudi dernier aux élèves de l’école primaire Sacré-Cœur. D’entrée de jeu, il a dû se présenter ! Les jeunes de cet âge ne le connaissent pas. Peut-on les blâmer ? En fait, je trouve inconcevable que celui qu’on a surnommé «le roi des bosses» n’ait encore aucun lieu ou édifice public de Salaberry-de-Valleyfield à son nom. Comme le Colisée Isabelle-Brasseur à Saint-Jean-sur-Richelieu, l’aréna Raymond-Bourque à Ville St-Laurent, ou encore «l’aréna Luc et Marie-Claude», de Baie St-Paul, qui (j’ai appris cela sur Internet) doit son nom à Luc Bradet et Marie-Claude Savard-Gagnon qui ont fait équipe pendant une quinzaine d'années en patinage artistique. On dirait qu’ici, on éprouve un malaise à honorer les nôtres. Pourtant, Jean-Luc n’en a-t-il pas fait suffisamment pour que son nom soit immortalisé dans sa ville natale ? D’un aspect sportif, Brassard a participé à 4 Jeux olympiques, desquelles il est revenu avec une médaille d’or de Lillehammer en 1994, et le rôle de porte-drapeau à Nagano en 1998. Sans compter ses 44 podiums en Coupe du monde de ski acrobatique. Le nom de Jean-Luc Brassard est reconnu dans de nombreux pays. Il est d’ailleurs inscrit au Temple de la renommée du sport canadien. Mais au-delà de ses performances sportives, c’est aussi et surtout l’individu qui s’est démarqué au cours des dernières années par sa franchise, son intégrité et son humanité. Jean-Luc Brassard n’a jamais eu peur d’émettre des opinions personnelles, particulièrement sur des sujets touchant le monde olympique. Il a été un des rares à dénoncer le manque de transparence du Comité olympique canadien dans l’affaire Marcel Aubut. Ce qui l’a amené à remettre sa démission comme chef de mission de la délégation canadienne aux Jeux de Rio en 2016. L’an dernier, Brassard a aussi qualifié «d’erreur monumentale» la décision de l’Agence mondiale antidopage de réintégrer l’Agence russe antidopage, suspendue pour avoir mis sur pied un système de dopage étatique. Il n’a pas craint également de s’attirer les foudres du public en se prononçant contre la tenue des Jeux olympiques de 2026 à Calgary, dénonçant du même coup l’orgie de dépenses que cela engendre et l’autocratie qui caractérise le CIO. Reconnu comme «Ambassadeur de l’esprit sportif» et brillant communicateur, Jean-Luc Brassard continue de donner des conférences partout dans les écoles pour parler contre l’intimidation et pour les valeurs sportives. Il se positionne également dans plusieurs activités pour la sauvegarde de l’environnement. Il est de retour chez lui dans sa maison familiale de Grande-Ile depuis quelques années, où il a d’ailleurs entrepris des travaux de rénovation écologiques. Jean-Luc est toujours demeuré humble malgré sa notoriété. Il serait le dernier à demander quoi que ce soit pour qu’on honore ses faits d’armes. Pour ma part, j’observe le projet de complexe multisports mis de l’avant par la Ville, en collaboration avec la Commission scolaire de la Vallée-des-Tisserands et le Collège de Valleyfield; une belle occasion de rendre un hommage bien mérité au «roi des bosses».