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Internet à la maison : qui doit payer ?

le vendredi 29 janvier 2021
Modifié à 13 h 49 min le 29 janvier 2021
Par Hélène Gingras

hgingras@gravitemedia.com

Avec la multiplication et le prolongement du télétravail, de nombreuses personnes ont dû augmenter la vitesse ou la limite de données de leur forfait internet ne serait-ce que pour communiquer de façon efficace avec leurs collègues. Mais qui doit délier les cordons de sa bourse pour cette dépense liée au travail? Article de Simon Roberge, La Tribune, Initiative de journalisme local Tout d’abord, l’employeur n’a aucune obligation légale de rembourser les frais reliés à l’internet. C’est également le cas pour notamment les fournitures de bureau, les factures de téléphone, le chauffage et l’entretien. Selon Karine Fournier, conseillère en relations industrielles agréée et associée au cabinet Fasken, les employeurs ont toutefois tout intérêt à bien équiper leurs employés. « Si on a toujours travaillé avec deux écrans et que soudainement à la maison on a juste un portable avec un petit écran, c’est bien moins efficace, illustre-t-elle. Sur une semaine de travail, est-ce qu’on a perdu une heure, deux heures ou trois heures? Quand mes clients me le demandent, je leur dis que s’ils ont les moyens d’équiper les employés à la maison, ils vont être gagnants. » De bien équiper ses employés dans un contexte de télétravail peut cependant être une dépense significative, surtout pour les grandes entreprises. « C’est certain que l’employeur est gagnant, mais est-ce qu’il peut se le permettre? Pas nécessairement, admet-elle. C’est un cercle vicieux. Si l’employeur ne veut pas payer pour un internet plus performant, l’employé ne voudra pas nécessairement payer et sera donc moins productif et moins rapide. Résultat : l’entreprise en aura moins pour son argent. L’entreprise a donc tout intérêt à payer la différence entre les forfaits pour que l’employé soit aussi productif qu’avant. » Les employés en télétravail peuvent toutefois profiter de certaines déductions fiscales en vertu de la Loi de l’impôt sur le revenu. L’Agence de revenu du Canada permettra notamment aux employés qui auront travaillé à domicile en 2020 en raison de la COVID-19 et qui doivent assumer des frais modestes de présenter des déductions pouvant atteindre 400$. Niveau variable Habituellement un choix ou un privilège, le télétravail est maintenant obligatoire pour bon nombre d’entreprises au Québec. Plusieurs syndicats font et feront des pressions pour que la facture internet soit assumée en partie par les employeurs pour les gens qui ont dû augmenter leur forfait. Car c’est un peu le Far West en ce moment, observe Josée Scalabrini, présidente de la Fédération des syndicats de l’enseignement. « C’est géré différemment non seulement d’un centre de service [scolaire] à l’autre, mais d’une direction à l’autre, admet-elle. La consigne n’est pas claire. » Il est toutefois impératif, selon elle, qu’il ne revienne pas au personnel de payer les surplus qu’occasionne le télétravail. « La plupart des enseignants ont l’internet, mais plusieurs avaient un service de base. Le télétravail fait que plusieurs paient plus cher, explique-t-elle. On veut au moins faire payer la différence. Personne ne veut faire de l’argent avec ça. » De leur côté, les employés en télétravail du Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec ont pu bénéficier d’un remboursement pendant les premiers mois de la pandémie. « Ils ont fait ça jusqu’à la fin du mois de mai, mentionne Frédérick Dagenais, président pour la région Centre-du-Québec et Estrie-Mauricie. On a fait plusieurs interventions pour qu’une part soit payée par l’employeur. Pour l’instant, c’est un non catégorique. » Beaucoup de gens travaillent avec leur propre ordinateur dans la fonction publique tout comme en éducation. Les balises ne sont pas nombreuses pour encadrer le télétravail.