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Il récupère le lixiviat pour aider à la santé des animaux

le vendredi 10 janvier 2020
Modifié à 13 h 20 min le 10 janvier 2020
Par Yanick Michaud

ymichaud@gravitemedia.com

Des millions de litres d’eau contaminés annuellement. Des vaches qui contractent l’acidose. Le lixiviat représente une plaie pour les agriculteurs. Bertrand L'espérance croit avoir trouvé une solution au problème de ce sirop noir qui entraîne de nombreuses conséquences néfastes. « Je travaille sur le problème depuis très longtemps. J’étais conscient du problème. J’ai pris des échantillons, fait des tests en laboratoire et mis ma théorie en pratique. Un chimiste m’a dit de continuer. J’ai donc inventé mon système et l’ai mis en place chez des agriculteurs qui étaient sceptiques au départ. Mais ça fonctionne », explique cet inventeur autodidacte. Il a créé sa boîte, Nethasol, qui procure un système de récupération des lixiviats à la base des silos-tours. « On ensile le maïs et le dépôt de lixiviat à la base des silos crée une contamination. Les vaches contractent l’acidose. Sans compter tout ce liquide qui s’amasse dans le sol et qui peut, à terme, contaminer les humains », explique celui qui a mis un terme au problème en déployant son système.

Encore des embûches

À date, cinq agriculteurs de la Montérégie ont mis à l’essai le système Nethasol de Bertrand L'espérance sur neuf installations. Steve Amesse de Saint-Timothée est entièrement satisfait. « Avant je devais mettre une quantité importante de bicarbonate de soude sur mon maïs, sinon les vaches avaient des brûlements d’estomac. L’acide causait des reflux. Ça allait forcément dans le lait et ça créait des complications. Avec ce système nous contribuons à diminuer cette pollution et à assurer une meilleure santé à nos animaux », dit l’agriculteur. [caption id="attachment_76738" align="alignnone" width="444"]Lixiviat silo Nethasol Steve Amesse a déjà installé le système Nethasol sur deux de ses installations et n’hésitera pas à faire de même sur une nouvelle tour silo. (Photo Pierre Langevin)[/caption] Toutefois, des agriculteurs demeurent réticents. Certains utilisent d’autres types de silos ou refusent de croire les théories de Bertrand L'espérance. Le député de Beauharnois, Claude Reid, a rencontré l’inventeur. « Nous trouvons que son idée est bonne. Ça semble fonctionner pour certains agriculteurs. Mais quant à nous, il doit arriver avec un dossier mieux préparé. Un plan complet, pour que nous puissions le présenter au ministère. Par ailleurs, j’ai rencontré des agriculteurs qui se questionnent sur le bien-fondé de l’invention. Ils disent qu’ils sont capables de contrer les coulées de lixiviat autrement », explique le politicien qui encourage Bertrand L'espérance à persévérer. Ce dernier affirme cependant avoir un dossier très complet.

Des bienfaits pour l’environnement

Néanmoins, le système pourrait permettre de contrer des effets néfastes pour la nature. « Je récupère les lixiviats et nous pourrions faire de l’éthanol, du butanol. Sans compter que la contamination se répand. Les drains français se bouchent. Il y a de nombreux avantages à utiliser mon système », lance celui qui a obtenu de nombreux appuis, mais qui se bute encore à des réticents. [caption id="attachment_76739" align="alignnone" width="444"]Lixiviat silo Nethasol Le lixiviat récupéré pourrait servir à créer de l’éthanol, entre autres. Entre-temps, il est dilué dans le fumier des animaux. (Photo Pierre Langevin)[/caption] « J’invite des biologistes du ministère de l’Environnement depuis 2016, mais ils déclinent l’invitation. Pourtant, des nutritionnistes voient la différence et le bienfait », exprime celui qui dit avoir découvert le problème alors qu’il n’avait que 14 ans. « J’étais travailleur de ferme et je me posais des questions. J’ai décidé de faire mes recherches. Quant aux agriculteurs, ils suivent ce que les gens de science leur ont dit depuis des décennies. Ce n’est pas de leur faute. Mais j’aimerais leur faire voir tout ça », conclut-il en pointant son système novateur.